24 ÉNERGIES À chaque territoire son énergie Le point avec Mehdi Gmar, directeur de CEA Tech en régions, institut qui permet aux entreprises, et aujourd’hui aux territoires, d’avoir accès à toutes les technologies du CEA. CEA Tech en régions Institut de la Direction de la recherche technologique du CEA. CEA-Liten Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux (Grenoble). Quelle est la problématique énergétique au niveau local ? Les territoires ne se ressemblent pas. Leurs besoins (industries, population, climat) et leurs ressources (vent, soleil, biomasse) se déterminent localement et appellent des réponses adaptées. Aux collectivités – métropoles, départements, régions – désormais tenues d’élaborer leur propre plan Énergie, le CEA propose un accompagnement sur-mesure afin de concevoir des « boucles énergétiques locales » s’intégrant dans le système énergétique national. Comment en êtes-vous venus à parler de transition énergétique avec les régions ? Le rôle d’expertise du CEA auprès des collectivités est apparu spontanément il y a quelques années. Elle résulte de la mission originale de notre institut, à savoir le transfert des technologies vers les entreprises, en particulier les PME. La proximité avec les élus et les relations de confiance se sont ainsi construites localement sur différents projets. L’énergie étant l’un des cœurs du métier du CEA, connu pour tel, les décideurs politiques se sont naturellement rapprochés de nous sur ce sujet. Depuis la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 (LTECV), à laquelle le CEA a notamment contribué, le rôle des collectivités territoriales dans la lutte contre le changement climatique a été renforcé. Cette loi a instauré le plan climat-air-énergie territorial (PCAET) pour que tous les aspects des projets de territoire soient passés au crible d’un filtre « climat-énergie ». Il s’agit de garantir une politique cohérente en la matière. Or, la problématique énergétique est très complexe à mettre en œuvre. Et nous sommes en mesure de les accompagner. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Une collectivité exprime par exemple une demande : « je veux faire une feuille de route pour l’hydrogène, ou pour les batteries, comment pouvez-vous y contribuer ? ». Nous les mettons alors en relation avec les bonnes personnes en leur proposant nos meilleures compétences. Par exemple, une équipe du CEA-Liten a développé un ensemble d’outils numé- LES DÉFIS DU CEA #241 riques d’aide à la décision multi-énergies et multi-échelles pour les territoires, en fonction du contexte économique, technique et environnemental. Ils permettent d’étudier telle ou telle architecture, d’évaluer différentes options, ici la biomasse, là le photovoltaïque, etc. Nous pouvons identifier les technologies des laboratoires du CEA qui sont transférables et nous pouvons aider les collectivités à définir les feuilles de route possibles et les plus pertinentes. Mais la décision appartient in fine au politique. Le CEA participe également à la construction de pilotes et démonstrateurs… En effet, en plus des grands projets à Dunkerque et Grenoble (voir encadrés), je peux citer Toulouse où un démonstrateur d’électrolyseur haute température (EHT) pour produire de l’hydrogène à partir d’électricité décarbonée va être lancé. Autre exemple, celui de la région PACA qui, située en bout de réseau, a une alimentation électrique fragile. Elle envisage donc d’exploiter son climat pour développer de vastes fermes solaires et produire ainsi de l’hydrogène qui sera stocké en sous-sol dans des cavités salines naturelles (projet Manosque Hygreen). Les Pays de la Loire ont également une feuille de route hydrogène, pour laquelle nous montons localement une plateforme de « marinisation » des systèmes énergétiques afin de confronter des systèmes de conversion (pile à combustible ou autre) à un environnement agressif, salé, humide, corrosif, avec des fumées particulières. En matière de chauffage urbain, la régie d’électricité de Metz, l’UEM, travaille également avec nous. En résumé, aucune boucle énergétique locale ne ressemblera exactement à une autre, mais le CEA dispose d’expertise sur différentes technologies, de compétences et d’un solide réseau de partenaires industriels pour contribuer à toutes ! « Le rôle des collectivités locales a été renforcé en matière d’énergie. » |