ZOOM DOSSIER Des bikers made in Japan qui n’ont plus rien à voir avec les bôsôzoku des années 1970. japonaise où il n'y a aucune place pour les recalés aux examens, il fallait trouver un moyen de se défouler, de sortir cette énergie accumulée par le stress. Je pense que c'est unique, car contrairement aux Etats-Unis où l’on dispose de grands espaces, il y a peu d'échappatoires au Japon quand on est jeune. A présent, c'est devenu une mode, qui n'a rien à voir avec l'état d'esprit initial. Vous avez commencé à travailler directement dans un magazine spécialisé dans les motos, c'était le métier que vous vouliez faire depuis longtemps ? I. S. : J'ai toujours aimé écrire. Quand je suis sorti de l'université, j'ai répondu à une petite annonce d'un magazine de moto. J'aimais la vitesse et tout ce qui venait d'Italie, la mode, tout ça. Mais quand Harley a sorti son premier modèle Evolution Sportster en 1986, j'ai craqué. J'ai toujours été un passionné de sport et de vitesse. Seulement, cette moto était encore trop lente pour moi et je me suis mis à la « chopper », à bricoler le moteur. Je l'ai démontée des dizaines de fois ! A l'époque, les Harley étaient très rares au Japon et c'était vraiment dur d'avoir des pièces détachées. Mais c'est comme ça que j'ai appris la mécanique et ça 8 ZOOM JAPON numéro 56 décembre 2015 a changé ma vie. Désormais, je pouvais faire tout moi-même. A quelle époque, la Harley a été popularisée au Japon ? I. S. : C'est dans les années 1990 que les Harley ont vraiment débarqué au Japon. A l'époque, il y avait de plus en plus de motards qui se rassemblaient pour les « Sunday Race », la course du dimanche. Ça continue encore d’ailleurs. Dans les années 1980, quand j'y allais, c'était surtout un rassemblement de motos vintage. J'ai commencé à faire des interviews des participants, puis je me suis mis à y participer. J'avais investi dans une grosse Harley Chopper, comme celle qu’on voit dans le film Easy rider ! Il y avait une course spéciale qui s'appelait "Harley class" sponsorisée par Harley Davidson Japan. Elle réunissait plus de 1000 personnes chaque année et après plusieurs compétitions, je l’ai remportée. Vous avez été influencé par des films comme Easy Rider ? I. S. : Pas du tout ! En fait quand j'étais plus jeune, je me suis endormi à chaque fois que je l'ai vu. Je ne comprenais rien du tout à cette histoire de hippies avec leur LSD. Et je n'aimais pas du tout le style des motos Harley Chopper non plus. Dur à croire quand on me voit maintenant. (rires). C'est à cette époque que vous êtes allé pour la première fois aux Etats-Unis ? I. S. : Oui, j'étais devenu fou des vieux modèles Harley. Un jour, à la rédaction, ils ont décidé de sortir un spécial Harley. Et c'est comme ça que j'ai débarqué pour la première fois à Los Angeles. Je n'étais jamais sorti du Japon. Je me rappellerai toujours l'immigration. Mes jambes tremblaient, je ne parlais pas un mot d'anglais. Ensuite j'ai vu défiler devant moiL.A. avec son ciel immense, ses allées de cocotiers. C'était un rêve pour tous les Japonais de ma génération d'aller aux States. A la suite de ce numéro spécial, on a eu beaucoup de succès et je suis reparti faire un autre reportage. Comment est né Hotbike Japan ? I. S. : Je suis allé visiter le bureau de Hotbike America. J'étais vraiment très impressionné car au Japon il n'y avait pas de magazine spécialisé dans les Harley. Je suis rentré à Tôkyô et j'ai présenté un projet à une maison d'édition pour monter mon propre magazine Hotbike. Le premier Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon |