11 Le J IP poids Il D4 CHANEL, JILL KORTLEVE ET SA « PARTICULARITÉ » Quelques jours avant le Festival des Courbes, les médias titraient sur l’incroyable pas franchi par Chanel lors la Fashion week : la maison française de haute-couture a dérogé à la règle de la maigreur sur le podium, ce qui n’était pas arrivé depuis 10 ans. Ainsi, Jill Kortleveest définie par « sa particularité », comme l’écrit Le Paride la norme « Si vous n’êtes pas gros, vous êtes certainement grossophobe par défaut. », indiquent Daria Marx et Eva Perez-Bello dans leur livre « Gros » n’est pas un gros mot. Une phrase citée dans l’article de Télérama, dont la Une présentant Leslie Barbara Butch nue en gros plan a été censurée sur Instagram. Toutes les trois sont militantes contre la grossophobie et ouvrent, avec d’autres, la voie de la reconnaissance des vécus et discriminations subies par les personnes grosses. Gros-se, un terme derrière lequel on instaure depuis plusieurs décennies une connotation péjorative. Un terme qu’elles revendiquent comme un qualificatif de leur apparence physique mais qu’elles réfutent comme une caractéristique unique permettant de les définir entièrement et de les rejeter de la société. Désormais, les témoignages se multiplient pour faire entendre les inégalités et souffrances que la grossophobie engendre, pour tendre vers l’égalité et prendre la place que chaque individu mérite. Une place que la société a encore bien du mal à accepter. Pourquoi ? Mars-Avril 2020/yeggmag.fr/14 Le 8 mars dernier, lors de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, se déroulait le Festival des Courbes, à Bruz, à quelques kilomètres de Rennes. Au centre de cette journée organisée par l’association Les élégantes courbes, un défilé a réuni une trentaine de femmes et d’hommes sur le tapis rouge, dressé sur le sol de l’espace Vau Gaillard. Les modèles s’avancent d’un pas énergique, posent d’un côté, puis de l’autre, et repartent. Avec le sourire, pour la majorité. Ici, il n’est pas seulement question de bijoux et de vêtements. Mais aussi et surtout de valorisation de toutes les morphologies. Un défilé de mode sans critères dans lequel se mélangent des femmes racisées, des femmes blanches et quelques hommes, de tout âge, de toute taille et de tout poids. Tou-tes affichent le plaisir d’être là, ensemble, et de montrer qu’il n’y a pas besoin de faire 1m90, de rentrer dans un 34 et de tirer la gueule pour s’épanouir. Les choix de vêtements sont différents, les corps aussi. Des tenues longues, courtes, moulantes ou amples… toutes dévoilent des courbes, des formes, des hanches plus ou moins prégnantes, des fesses plates ou rebondies, parfois tombantes, des poitrines opulentes, des ventres plats ou arrondis, des jambes galbées, des cuisses avec plus ou moins de cellulite, etc. C’est fascinant, et surtout très libérateur de regarder ces femmes, aux morphologies particulièrement éloignées de celles imposées par les diktats de la mode et de la beauté unique, s’assumer et s’affranchir des codes normatifs oppressifs et extrêmement réducteurs. Et ça procure un enthousiasme contagieux. |