culture UU TU LA CONNAIS TA VULVE ? ! L’artiste-chercheuse Lis Peronti parle de sa « Pichoca » dans sa nouvelle conférenceperformance présentée le 16 mars à la galerie du CROUS dans le cadre de l’exposition Uncensored, du collectif Les Femmes Libres et le 4 avril au Gazoline. CÉLIAN RAMIS Sa Pichoca, elle ne la connaissait pas réellement jusqu’à récemment. Elle l’avait pourtant déjà touchée, caressée et même titillée et léchée sur d’autres femmes. « Pichoca », c’est le surnom que lui a appris sa mère qui l’a elle aussi appris de sa mère. « J’ai appelé ma grand-mère, j’étais gênée, elle, elle a rigolé. Elle m’a dit que c’était le nom qu’on utilisait pour pas dire le vrai, le moche, « buseta », la chatte en français. », explique Lis Peronti. Avant, elle ne s’était pas posée la question parce que plus jeune, sa meilleure amie aussi disait la Pichoca. « Quand je suis arrivée (du Brésil,ndlr) en France, j’étais face à un dilemme parce que je ne savais pas du tout comment l’appeler. J’étais là pour un mémoire sur les menstruations, j’ai donc dû apprendre les termes. Chatte ok mais pour un travail universitaire… », poursuit-elle. Comme de nombreuses personnes, elle désigne le sexe féminin par le mot « vagin »  : « Je parlais de vagin, vagin, vagin pendant tout mon exposé. Et un jour, une copine m’a expliqué que le vagin, c’est comme un tuyau. C’est le tube qui est à l’intérieur mais à l’extérieur, c’est la vulve. » La Pichoca, c’est l’équivalent de vulve. « On pense aux poils, aux lèvres, au trou du vagin, aux glandes, etc. Avec le vagin, on pense juste au trou et hop, c’est plié. », insiste-t-elle, pointant du doigt l’absence d’informations et le flou qui entourent l’organe sexuel féminin. Des performances, Lis en a réalisé autour des menstruations, de la nudité – elle est modèle vivante depuis 10 ans - et du sexe. Elle raconte  : « Pendant une performance, où j’avais un jean découpé à l’entrejambe, j’ai eu honte de montrer ma pichoca. Je suis restée 15 minutes avec les jambes ouvertes et ma vulve exposée aux regards alors que je ne l’avais même pas regardée, je ne savais même pas si je la trouvais belle. » Les dernières fois qu’elle l’a observée, elle sortait d’un cours de SVT sur les MST et les anomalies et venait de feuilleter les vieux magazines pornos de son grand-père  : « Dedans, je voyais beaucoup de vulves roses et imberbes. Quand j’ai vu la mienne, un peu plus marron, avec une lèvre plus grande que l’autre, je me suis dit qu’elle était horrible. » Découvrir son sexe pour le connaître davantage, c’est ce sur quoi elle se penche aujourd’hui et qu’elle partage pour notre plus grand plaisir avec le public. Libérateur. I MARINE COMBE Avril 2019/yeggmag.fr/25