Janvier 2019/yeggmag.fr/10 LAURA CUMUNEL FONDATRICE ET GÉRANTE DE O’NIDOU, À RENNES Créée il y a 2 ans, la structure propose un accompagnement à la parentalité basé sur la bienveillance et la déculpabilisation. Exit le côté « cul-cul » présumé de l’univers parental, ici on est libre d’échanger sur tous les sujets, sans jugement. O’nidou connaît aujourd’hui des difficultés financières importantes mais reste un espace d’accueil et d’ateliers pré et post natal, à vivre entre enfants et parents. Qu’est-ce qu’O’nidou ? J’ai créé ça après mes deux maternités. La première, extrêmement désirée, a été un peu plus compliquée que ce que j’avais anticipé. J’ai fait une petite dépression du post partum, ça a eu des répercussions sur ma vie, sur le couple. Au moment du désir du deuxième enfant, je me suis dit que ce serait bien que je m’entoure et que j’y réfléchisse davantage. J’ai découvert le yoga prénatal, la préparation à l’haptonomie, le portage… ce qui m’a permis de vivre complètement différemment ma grossesse, mon accouchement et ma maternité. J’ai été beaucoup plus sereine et plus sure de moi dans mes choix. L’idée est venue d’ouvrir un lieu unique, ouvert à tout le monde. Sortir un peu du prosélytisme qui peut y avoir autour de la maternité. Accepter tous les choix et valoriser le parent quels que soient les choix qu’il fait, ça me tient vraiment à cœur. Tout comme le fait de retrouver et de valoriser les professionnel-le-s dans un seul lieu. société Pourquoi est-ce important de parler de déculpabilisation ? Quand on devient parent, on culpabilise toujours de ses choix. Et je crois que ce poids est plus lourd chez les femmes, tiraillées entre la vie de mère et de femme. On nous culpabilise dès qu’on sort de la norme, si on n’allaite pas, si on porte trop ou pas assez notre bébé, s’il ne fait pas ses nuits, si on ne le laisse pas pleurer… c’est jamais bien ! Les professionnel-le-s, aussi bon-ne-s soient-ils/elles, n’ont pas beaucoup de temps et on sort culpabilisé-e-s car on ne rentre jamais pile poil dans la norme, on ne se sent pas comprises, on pense faire mal. L’idée est de s’enlever un peu de ce poids, se sentir mieux, plus aidé-es, se rendre compte que les difficultés rencontrées le sont par tous les parents. L’écoute du professionnel joue autant que les échanges entre les familles. Même si les choix sont à l’opposé, chacun-e a sa place. On n’est pas que dans la consommation d’ateliers. CÉLIAN RAMIS Quelle est la nécessité d’une telle structure, en plus des PMI, etc. ? En PMI, il y a de moins en moins d’argent et elles sont de plus en plus dans la gestion, en règle générale, de l’urgence des familles en difficulté. La dimension d’accompagnement à la parentalité, à leur grand désespoir, tend à disparaître. On est complémentaires aux sages femmes. On est sur une dimension ludique, on prend plus de temps. À Rennes, il y a un réel déficit sur les structures d’accompagnement. Il n’existe que les structures d’Etat qui malheureusement ne peuvent plus répondre aux besoins. Il faut faire perdurer les structures comme la notre car c’est un moment très particulier de la vie. Des fois il suffit juste d’avoir une ou deux petites phrases qui remontent le moral et c’est reparti et le lien d’attachement peut se faire avec très peu de chose. Mais quand on passe un peu à côté de ce tout début de vie, on met très longtemps à réparer. I MARINE COMBE |