société « APPELONS UNE VULVE UNE VULVE ! » « La médecine moderne s’est construite sur les cendres de la chasse aux sorcières », nous informe Nina Faure, militante et réalisatrice du documentaire Paye (pas) ton gynéco, diffusé au CRIJ de Rennes le 27 novembre dernier lors d’une soirée organisée par le Planning Familial 35. Avant la projection du film, mis en ligne sur YouTube le 27 juin 2018, la réalisatrice en précise la genèse : « J’avais un projet sur le désir féminin. J’ai fait pas mal d’entretiens avec des femmes et j’ai constaté qu’elles parlaient beaucoup des violences gynécologiques. Le film ne montre pas l’entièreté du sujet mais sert à ouvrir le débat ». D’une vingtaine de minutes environ, Paye (pas) ton gynéco sert d’outils, non seulement en terme de prise de conscience mais également comme moyen de libérer la parole et de réfléchir ensemble à des solutions. Elle milite pour une redéfinition des pratiques ainsi qu’une redéfinition de ce qu’est le corps dans l’espace social en tant que personne ayant un vagin. Et pour la déconstruction des idées patriarcales, très répandues encore en médecine : « Je suis allée voir les représentants pour essayer de comprendre pourquoi ils réagissent dans le déni, dans la négation du problème. Il y a une volonté de ne pas remettre en question l’autorité de la blouse blanche. La profession est marquée par cette volonté de protection corporatiste, c’est très patriarcal. » Ce qui explique Décembre 2018/yeggmag.fr/08 qu’il soit difficile pour les femmes de réagir ou de contester lorsqu’elles font face, jambes écartées, pieds dans l’étrier et tête du praticien au niveau de leur vulve, à des remarques ou actes sexistes et sexuel-le-s. « Le speculum a été inventé par un tortionnaire qui le testait sur des esclaves ! Il y a là un rapport de domination de genre et de race. » Nina Faure dénonce le « checkup » imposé aux femmes chaque année dès la puberté : « J’ai eu le menu complet dès le début ! C’est une conception qui nous amène à penser que notre corps est tout le temps malade et qu’on ne saura pas le détecter. C’est la base de la dépossession : nous donner peur de notre corps en pensant qu’il peut nous trahir en permanence. Avec un speculum, j’ai pu observer mon col, mon cycle, découvrir une partie de moi, le visualiser dans l’espace. Avant, l’intérieur de mon vagin était totalement abstrait pour moi. » Elle prône la réappropriation du corps, rappelant l’importance de représenter et de nommer le sexe féminin : « Appelons une vulve une vulve ! » CÉLIAN RAMIS I MARINE COMBE |