MOTHERS Render another ugly method (ANTI Records) Si vous n’avez jamais entendu parler de Mothers, c’est probablement parce que ce groupe américain originaire d’Athens en Georgie, formé en 2013 par la guitariste-chanteuse Kristine Leschper, n’a que deux petits albums à son actif. Après When you walk a long distance you are tired en février 2016, Kristine et ses trois garçons (Chris, Drew et Matthew) ont sorti Render another ugly method chez ANTI Records en septembre dernier. Produit par le magicien du son John Congleton (Explosions In The Sky, Baroness, Disappears, Alvvays), ce nouvel album démontre une certaine forme de dévotion à un post punk capricieux au sens large (l’excellent « Pink ») se mouvant tantôt en slowcore déstructuré (« Beauty routine ») , tantôt en morceaux indie-pop dérangé (« Circle once ») , ou encore se livrant à des velléités de minimalisme pour ne faire ressortir que la voix souffrante de Kristine (« Mother and wife »). Car c’est bien cette navrante amertume qui caractérise si bien ce disque dense, un trauma ressenti également dans l’architecture dérangée des morceaux dont la lenteur ténébreuse peut autant rebuter qu’être étincelante. Bluffant et touchant. Ted NERVENBEISSER Alles gut (Echozone) Quelques semaines avant le nouveau Rammstein, l’Allemagne nous envoie l’EP de Nervenbeisser, combo qui offre une forme de synthèse électro-gothmétal-indus entre les premiers cités et Oomph ! avec qui ils tournent. Un EP histoire d’avoir une petite actualité à un moment où on va donc pas mal parler de ce genre de musique. Moins EBM et plus martial (« Probleme ») , les 4 titres et 2 remix qui garnissent l’opus ne sont pas pour autant des compos écrites et enregistrées à la va-vite, les ambiances amenées par les samples (et les chœurs sur « Liebesschmerz ») , les mélodies (« Alles gut ») , les riffs, la rythmique (y compris quand elle ralentit comme sur « Märchenland ») sont très travaillées et on devrait retrouver ces morceaux sur un album davantage exposé. En bonus, Andy Haywire remixe « Verkehrte welt » (paru sur Zeitenwandel) en mode rave party ou soirée mousse belge (et je ne parle pas de la bière), l’intérêt est tout relatif, surtout comparé à la version alternative de « Alles gut » proposée par Das Ich (excusez du peu), le titre est moins dénaturé mais le côté sombre des pionniers de la vague électro indus teutonne donne une autre lecture laissant croire que tout ne va pas si bien... Oli LA POISON La poison (HYP/PIAS) Envie de gesticuler, de libérer vos bas instincts ? Je crois qu’on tient là un disque qui accompagnerait à la perfection vos émois. Il n’a pas de nom, ou plutôt il est éponyme, il s’agit du premier album des Parisiens de La Poison. Avec un premier EP de 4 titres au compteur sorti en 2017, le trio composé de Moon au chant, Daniel Jamet à la guitare (Mano Negra, Pause, Desert Rebel) et de David Ménard à la batterie, au clavier, à la guitare et aux chœurs (Maximum Kouette) s’apprête à renverser la scène électro-rock française. Après avoir laissé ces dernières années des traces (vertes) sur scène (La Fête de l’Humanité, Bar En Trans), La Poison formalise son savoir-faire sur un disque survitaminé alliant avec brio plusieurs genres tels que la new-wave 80’s (« Super hero ») , la pop acidulée (« The last train ») , les ritournelles funky (« Mrs Jane ») , la soul (« Shake it ») ou même le post-punk (« Wanted girl »). Vous l’aurez compris, ce disque ne manque pas d’atouts pour faire profiter tout le monde, sans pour autant amener une nouvelle pierre à l’édifice de la musique. Mais est-ce bien le plus important ? Ted 69EN BREF |