BOOZE BROTHERS The lemming experience (L’autre distribution - Les Jeudis du Rock) Alors ce n’est pas parce que les Rosbifs ont décidé de quitter l’Europe que toutes les îles Britanniques vont nous tourner le dos et que l’on ne pourra plus profiter de l’héritage culturel des terres celtes et du rock anglais (puis de toute façon, la musique se fiche du Brexit et c’est tant mieux). Et puis les Booze Brothers seraient bien embêtés. Eux qui réunissent les instruments et les mélodies qui baignent dans l’Irish rock, avec d’autres instruments traditionnels plus méridionaux (le bouzouki par exemple), en rajoutant une rythmique et une guitare punk. Ne s’arrêtant pas à ça, ils peuvent aussi dévier vers de l’Irish folk presque traditionnel, se chauffer sur un p’tit ska punk trad, faire une reprise d’un titre des Pogues, s’amuser sur une version slave (avec l’accent !) d’une chanson trad irlandaise. Chacun des 10 titres ayant une consonance particulière. Un grand fourre-tout en définitive ? Alors non, car depuis 20 ans que ces Toulousains brassent tout ça, ils savent y trouver le liant qui va bien. Et surtout, c’est quand même plus orienté Dropkick Murphys qu’un imaginaire Celtic Best of chez Real World Record. Peut-être une certaine idée de l’Europe, en tout cas, cette vision multiculturelle est très sympathique. Eric THE ONE ARMED MAN #1 (Flying Cow Prod) Pour cette année, The One ArmedMan a prévu de sortir deux EPs d’où le nom de celui-ci, #1. Une nouvelle aventure en deux parties qui sonne un peu comme un nouveau départ car les Strasbourgeois abattent désormais à fond la carte du rock, délaissant leurs amours pour le blues, l’americana ou le folk, influences évidentes sur leurs précédents travaux. Les guitares sont électriques et reliées à des distorsions bien branchées, les mesures sont nerveuses et même quand le tempo se ralentit, sur un « What if » pas forcément très inspiré, la tonalité reste rock. Les cinq titres qui précèdent cette incartade mielleuse sont bien dans le rythme, mettent en avant une basse agréablement grave et un chant porteur de mélodies bagarreuses. Notre manchot se la joue bandit charmeur, le ténébreux de service qui rafle la mise en fin de soirée sans sembler avoir rien fait pour... Pourtant tout était minutieusement préparé, les petits breaks, les relances discrètes, les profondes respirations avant de livrer ses sentiments sans détour, un truc vrai avec une pointe de nostalgie pour montrer que les expériences ont construit le bonhomme (« We were kings »). A ce petit jeu, The One ArmedMan se forge une identité différente et y gagne assurément. Oli Ted OWLS ARE NOT Radio tree (1000Hz) Après avoir été le représentant d’un rock électronique singulier et un tantinet expérimental à travers Isnot en 2016, les Polonais de Owls Are Not sont allés exploiter une autre forme d’art, histoire de désorienter son public. Et il y a de quoi l’être ! Car Radio tree est le fruit de six mois de recherches en ethnomusicologie au Malawi et en Tanzanie par son leader Piotr Dang. D’ailleurs, ce dernier a profité de l’occasion pour produire le nouveau disque de Tonga Boys, une figure de la musique malawienne. On assiste donc à une réalisation sous forme de transmission radio combinant musique africaine, programmations électroniques à la fois sophistiquées et dépouillées, et autres fantaisies liées à ses recherches, comme ces travaux de saccades façon techno que l’on se prend en pleine face dès l’introduction du disque. Ce quatrième album est un vrai travail collaboratif, 4 des 6 titres ont été composés avec des chanteurs de l’Afrique de l’Est et l’ambiance qui s’en dégage nous fait l’effet d’une musique d’un autre temps qu’on aurait jamais eu l’occasion de découvrir avant. On reste donc bouche bée face à des choses qu’on ne maîtrise pas totalement, comme des sessions d’improvisation en direct à la radio sur lesquelles on tomberait par hasard. 63EN BREF |