TRAÎTRE CÂLIN Par traîtrise (Autoproduction) TRAÎTRE CÀLIN Même si tout n’est pas parfait, le duo parisien Traître Câlin nous propose un univers très particulier qui divisera les foules à coup sûr. Car leur spécialité est la poésie sombre et nihiliste récitée, chantée et rappée sur une musique synthétique et électronique froide. Voilà en gros pour situer quand tu jetteras une oreille sur Par traîtrise, leur premier EP. Et cela commence sans préliminaire dès « Par goût », plage sur laquelle une déclaration abondante d’un ton maussade surgit et oppresse, histoire de te montrer où tu fous les pieds. Jouant avec le décalage énorme qu’il y a entre son patronyme et ce qu’il propose musicalement et textuellement, le groupe soumet un hip-hop industriel assez bruitiste et saturé pour poser un décor malsain et déstabiliser l’auditeur, de la même manière qu’Elastik, Fausten, ou encore Stupeflip. Même si les styles de ces formations là sont différents dans l’absolu, Traître Câlin se nourrit de multiples influences notamment littéraire et on sent par moments que celle-ci est mieux maîtrisée ou mise en valeur que l’aspect musical. C’est peut-être sur ce point que Nada et Jbaâl pourraient progresser en ayant un peu plus de justesse sur le flow/chant ou en améliorant la qualité de sa prod’, un peu juste en qualité. Ted ACE FREHLEY Spaceman (Koch Entertainment) On peut légitiment s’interroger sur l’intérêt d’écouter un nouvel album de Ace Frehley en 2018. Le « lead guitarist » originel de Kiss est toujours dans le circuit et propose aujourd’hui Spaceman, nouvel effort solo dont le nom est tiré de son personnage de ses années au sein du groupe maquillé. Les amateurs de la technique du guitariste seront conquis (« Rockin’with the boys », l’instrumental « Quantum flux ») , et les inconditionnels des structures boogy blues (« Your wish is my command », « Off my back ») et des titres résolument rock, voire hard rock (« Bronx boy », « Pursuit of RNR », « Mission to Mars ») en auront pour leur argent. L’ensemble est certes agréable, mais aucun titre ne ressort véritablement du lot de ce disque de neuf plages. Ace Frehley, inventeur du « son » Kiss, est toujours sur le même créneau, et Spaceman respecte en tout point les codes du Bisou, en s’autorisant quelques facéties (le riff d’entrée de « Bronx boy », l’instrumental et semi acoustique « Quantum flux «) . À défaut d’être passionnant et original, Spaceman se révèle plaisant et révélateur du talent d’interprétation de Frehley. I Gui de Champi THINK KASTENDEUCH Morning glory wine (Autoproduction) Au niveau de la production, Think Kastendeuch monte en puissance tranquillement au fil des années : un EP éponyme de 3 titres en 2007, un autre EP de 5 titres en 2010 (Draft punk) et pour 2018, le dernier EP de 6 titres : Morning glory wine. Mais cette discographie en dilettante n’entâche en rien la qualité et la constance de TK quand il s’agit de taper dans du noise rock débridé. Comme on dit : « ce qui est rare est précieux ». Et Morning glory wine nous rassasie, avec parcimonie, dessinant un lien entre les Melvins, les Stooges, et autres Jesus Lizard. Une amplitude et diversité de chants sympathiques (la descente d’octave sur « On the clock ») , une guitare qui combine un bon son noise sur des riffs proprets et rythmés, et la batterie qui a depuis bien longtemps dépassé le niveau « poum poum tchak ». Bref, Think Kastendeuch continue dans cette belle orientation initiée il y a 10 ans, du bon indie rock noisy, qui reste parfois très accessible (le titre « Genuine article » qui commence presque comme de la britpop). Et au rythme où ils sortent leurs albums, on attend avec impatience 2028, qu’ils enregistrent leur premier double LP. Eric 71EN BREF |