BRANT BJORK Mankind woman (Heavy Psych Sounds) Pas facile de se renouveler quand on s’appelle Brant Bjork. Pour cet énième album solo (enfin, co-écrit avec son pote Bubba Dupree et la participation d’autres vieux amis comme Nick Oliveri, Armand Secco Sabal et Sean Wheeler que l’on remarque un peu plus que les autres sur « Pretty hairy ») , l’exbatteur a décidé de particulièrement soigner les sons (quelle chaleur !) et de mixer le distordu au flamboyant pour un résultat de grande classe. Sur une base stoner (évidemment), sa dame de pique s’habille d’un peu de psychédélisme (comme d’habitude) mais va surtout chercher dans le blues et une ambiance sixties/seventies à la cool, celle de Woodstock où bons nombres d’inspirateurs de cet opus étaient réunis sur scène (Jimi Hendrix, Santana, Grateful Dead, Crosby, Stills, Nash and Young ou encore Jefferson Airplane). L’ensemble sonne donc moins « desert rock » malgré la couleur particulière de sa guitare et offre un voyage dans le passé un peu plus lointain que celui de Kyuss, forçant le lascar à sortir quelque peu de ses schémas classiques et lui permettant de se faire plaisir avec les percus et les effets (« Swagger & sway ») ou quand de petits trucs changent pas mal la donne... Well done. Oli SOME SMOKING GUYS Regular faces (Beside) Aaah... le tout début des années 90’s, le rap et la musique électronique explosaient et on se demandait si le rock allait survivre à cette double déferlante. Et avant que le grunge ne rappelle aux b-boys et aux DJs que la guitare avait encore quelque chose à dire, le rock subsistait toujours, mais dans un forme plus pop rock, entre froideur et mélancolie. Les Parisiens de Some Smoking Guys nous font faire un petit voyage en ces temps pas si anciens, avec leur premier album Regular faces. Et ils ont la bonne idée de nous offrir le meilleur des sonorités de l’époque : une partie instrumentale sobre, à la recherche des quelques notes mélodiques et atmosphériques qui suffisent à accompagner un chant torturé et habité. Inspiration 90’s, mais avec quelques riffs plus contemporains comme sur « Devil » ou « Shiny day », mais aussi quelques incartades presque electro pop sur « Vision of the past ». En conclusion, les 5 gaziers de Some Smoking Guys nous gratifient d’une pop rock intelligente et sombre, accessible, simple mais surtout pas simpliste. Eric HELL IN TOWN Bones (Autoproduction) Petit rythme, riff gras, bel hurlement, Hell In Town frappe avant d’entrer, en entrant et en sortant ! Même si ensuite les Bordelais montreront qu’ils sont capables de plus de délicatesse, leur entrée en matière est fracassante ! Lourd à souhait option enclume/marteau, leur heavy-stoner-sludge fait de l’effet dès « Wilder », pas forcément le plus sauvage des 7 titres de ce Bones qui n’est que leur deuxième production depuis 2010 (la faute à divers mouvements au sein du groupe dont Matt DMS (basse, chant, enregistrement) semble être la colonne vertébrale). Une fois le pied à l’étrier, la chevauchée se poursuit avec davantage de déliés (quelques éléments - autant à la guitare qu’au chant - me font penser à Alice in Chains) et un goût prononcé pour enfoncer le propos quitte à le balancer l’accord en boucle sur un paquet de temps. Avec la belle mélodie bien puissante sur « Into the dawn » (à la Headcharger ?) , le groupe accorde une joute à son arc (désolé, j’ai contrepétré) et dévoile un peu d’émotions bien vivantes là où on ne voyait qu’un fatras digne d’un ossuaire de Douaumont (bon anniversaire la Grande). Ces instants plus calmes volent en éclat avec les trois derniers titres et notamment le plus énervé d’entre eux, l’ultime « Bones », tout en rage et empreint d’un peu de folie macabre. Oli 67EN BREF |