MOONLIGHT BENJAMIN Siltane (Ma Case/Socadisc) Chez W-Fenec, on adore le métissage musical, encore plus quand il nous surprend et nous fait dérailler de notre ligne éditoriale historique. Et quand on tombe sur un album de la trempe de Siltane de la chanteuse haïtienne Moonlight Benjamin, on se dit qu’on devrait plus souvent pousser ce concept, si ce n’est pas déjà fait. Car, pourquoi se priver de l’écoute d’un disque qui mélange avec une facilité déconcertante le blues-rock de papa aux accents mélodiques africains et aux rythmes vaudous caribéens ? Le décor est posé, l’imaginaire est en action mais quand on presse « play », il se dissipe progressivement lorsqu’on s’immerge dans cette mixture aussi entraînante (dès l’introductive « Memwah’n », « Moso moso », « Tan malouk ») que mystérieuse (« Simbi », « Mèt agwe ») , tout en faisant honneur de manière évidente à ses influences bluesy (« Slitane » et ses airs très proches des Black Keys ou « Chan dayiva ») qui sont là pour amener un équilibre et du liant à l’ensemble. La Toulousaine d’adoption ne s’amuse pas à alambiquer ou complexifier sa musique, préférant privilégier un message d’espoir et nous conter en créole et en français la souffrance du peuple de son île (sur « Doux pays » notamment). C’est tout à son honneur. Ted TITANS FALL HARDER Evolve (Autoproduction) Quand un combo se réclame de Gojira (désormais la base quand on fait du death), de Meshuggah (hop, une grosse rasade de djent) et de Fear Factory (une belle dose de rythmes industriels et de samples), ça donne du cybermétal survitaminé. Aux riffs et aux boucles speedés, les Grenoblois ajoutent un peu d’ampleur avec un goût certain pour la grandiloquence (sur l’introduction « Emergence » mais aussi avec quelques autres nappes qui se déposent ça et là et donnent de l’envergure à l’ensemble). Et quand on a compris que ça ne rigolait pas, Titans Fall Harder surprend avec un superbe chant clair qui vient décontenancer l’auditeur jusque-là habitué au dézingage en règle, c’est un peu rapide quand ça survient (« Ignite the core », « The omniscient ») mais avec les changements de phrasé (plus souvent hurlé/growlé), ça permet de garder l’excitation intacte et démontre que le groupe peut encore aller plus loin dans certaines directions sans perdre son identité. Une image sonore forgée dans l’omniprésence du blast et des samples qui les rapproche d’une autre de leurs références à savoir The Algorithm même si ici, le chant est loin d’être accessoire et permet à Titans Fall Harder de sortir du lot. Oli THERAPHOSA Theraphosa (Season of mist) Si tu es un arachnologue invétéré, tu sais donc que la Theraphosa est une des plus grosses araignées du monde qui peut atteindre plus de 30 cm d’envergure. Mais Theraphosa est aussi une fratrie parisienne (Vincent au chant et à la guitare, Matthieu à la basse et chant, Martin à la batterie) qui n’a pas emprunté que le nom à cette bestiole velue. C’est tout un univers à la gloire de leur égérie octopode : artwork, poésie dans le livret, et bien évidemment la musique. Un metal lourd et pesant, qui plonge parfois dans le black metal avec des growls bien appuyés et des riffs assommants, tout cela collant parfaitement avec l’impression que produit l’observation de cette araignée géante. 5 tracks où l’imposante Theraphosa sait alterner des rythmes plus ou moins rapides, avec la voix de Vincent, claire ou plus appuyée en écho à celle de Matthieu qui joue à fond la carte gutturale. Un metal qui propose de très bonnes variations entre chaque titre, tout en restant homogène et cohérent avec le thème de leur projet musical. Au final, un très bon (et prometteur) premier EP, et on les remercie d’avoir choisi Theraphosa, car si’ls s’étaient appelés coccinellidae ou papillon, ça l’aurait fait carrément moins bien. Eric 63EN BREF |