mettre, maintenant. Par exemple, il y aura une, deux, trois, quatre chansons dans le concert de ce soir qu’on n’a pas encore jouées sur cette tournée. Peut-être cinq, même. [Protestation de Ben Lloyd, le guitariste, qui se faisait tout petit tandis qu’il raccommodait sa chemise de l’autre côté de la loge] T’inquiète pas ! Ce sont des chansons que nous avons jouées récemment en Amérique mais qu’on n’a pas encore jouées dans cette partie de la tournée. Tu tournes avec la formule « groupe » et également en mode « solo » : j’imagine que tu trouves ton compte dans les deux configurations, mais qu’est ce qui est le plus excitant, le plus fatigant, le plus facile. ? C’est cool de ne pas avoir à choisir, mais si tu me mettais un pistolet sur la tempe et que tu me demandais de choisir, je choisirais toujours le groupe parce que je joue certains morceaux en solo au milieu des concerts avec le groupe, comme ça je peux même faire les deux. Mais il y a tellement d’autres raisons, par exemple la palette sonore avec laquelle on travaille est bien plus étendue. Il y a quelque chose de cool dans la simplicité de la configuration « une personne-une guitare » mais le nombre de sonorités qu’on obtient de cette manière est limité. Et aussi, on fête aujourd’hui les dix ans de Matt [Nasir : piano, mandoline] au sein du groupe. Il a fait son premier concert avec nous il y a dix ans aujourd’hui. Donc ça fait longtemps qu’on fait ça et on a traversé beaucoup de choses ensemble. Je pense que je peux le dire, même avec un spectateur au fond de la pièce. [Ben, toujours] Je trouve que sur le plan personnel, on est plutôt bien. Ce que je veux dire, c’est que Million Dead, mon groupe précédent, a duré quatre ans, dont deux années pendant lesquelles on avait envie de s’entretuer. Mais je joue avec Ben, Tarrant et Nigel depuis douze ans maintenant, donc trois fois plus longtemps, et aucun d’entre nous n’a jamais essayé de tuer personne. C’est bon signe. C’est juste super agréable, en fait ! Quand on arrête de tourner pendant quelques semaines ou quelques mois, c’est un réel plaisir de se retrouver donc ça c’est une bonne chose. La quasi intégralité (voire l’intégralité) de tes morceaux sont transposés et joués (et même enregistrés) en version acoustique. En termes de composition, tout part forcément d’une guitare acoustique ? Un morceau joué en formule électrique doit-il nécessairement être transposable en acoustique ? Auparavant, oui. J’écrivais tout à l’aide d’une guitare acoustique et je faisais toujours en sorte qu’il existe une version acoustique. Mais au fil du temps, ça a changé. J’ai un paquet de chansons qui n’ont pas commencé comme ça et que j’ai retravaillées ensuite pour en faire une version acoustique après coup. Du point de vue de la créativité, ça peut être très libérateur de ne pas systématiquement commencer à écrire de cette façon, d’écrire sur un piano. Pour l’album Be more kind, il y a même des chansons que j’ai commencé à écrire à partir de boucles de batteries, de synthétiseurs, etc. Simplement en adoptant différentes approches sinon à force de faire toujours la même chose, on finit par se répéter. Mais c’est quand même une nécessité, parce que si quelqu’un me demande une chanson lors d’un concert solo, ça craint de lui répondre : « ben en fait, je ne sais pas la jouer quand je suis tout seul. » Parfois, ça demande beaucoup de changements pour pouvoir jouer une chanson en acoustique mais c’est bien d’avoir différentes versions. J’adore avoir plusieurs versions alternatives d’une même chanson, je trouve ça sympa. Nombreux sont les artistes venus de la scène punk hardcore à avoir une carrière en mode solo (Chuck Ragan, Kevin Second, Ginger Wildheart) et tu es celui pour lequel ça a le plus marché. Une raison particulière ? Quels sont tes artistes préférés de la scène ? Ce n’est pas à moi de dire pourquoi j’ai du succès. Je pense que ce serait dangereux pour moi, d’y réfléchir un peu trop longtemps. Je risquerais d’être aspiré par mon propre nombril et ce serait très mauvais. J’essaye juste de faire mon taff. Je pense que tout le monde sait que le succès commercial et la valeur artistique sont deux choses différentes. Dans cette catégorie, je peux citer parmi mes préférés comme auteurs-compositeurs et sur le plan personnel Chuck Ragan, Tim Barry, Ginger, John K. Samson des Weakerthans même si on peut dire que les Weakerthans était déjà son groupe de toute façon. Il y a beaucoup de bonne musique, là. En particulier, Chuck et Tim. Ils m’ont emmené en tournée à mes débuts et ils m’ont tellement appris. et nous sommes devenus de très bons amis. 47 INTERVIEW |