FRANK TURNER RÉALISER CETTE INTERVIEW N’A PAS ÉTÉ DE TOUT REPOS. NON PAS PAR MANQUE D’INSPIRATION (CAR NOUS AVIONS BEAUCOUP DE CHOSES À LUI DEMANDER), MAIS BIEN PAR CE QU’ON A FAILLI ABANDONNER APRÈS AVOIR SOLLICITÉ, SANS RÉSULTAT PROBANT, L’ANCIEN ATTACHÉ DE PRESSE FRANÇAIS, L’ANCIEN TOURNEUR FRANÇAIS, UN CONTACT ANGLAIS, UN TYPE DE LA MAISON DE DISQUES EN ALLEMAGNE ET UN ARTISTE AYANT PARTAGÉ UNE TOURNÉE L’AN PASSÉ. SI ON AVAIT SU QU’EN ENVOYANT UN MAIL À UNE ADRESSE DE CONTACT SUR SON SITE INTERNET, FRANK TURNER AURAIT VALIDÉ EN DEUX TEMPS TROIS MOUVEMENTS L’INTERVIEW, ON AURAIT GAGNÉ DU TEMPS ! DIY, QUAND TU NOUS TIENS. DU DIY, IL EN EST QUESTION (ET PAS QUE.) DANS CET ÉCHANGE INSTRUCTIF. MAGNÉTO SERGE ! Est-il exact de dire que Be more kind est un album plus accessible pour le grand public que ses prédécesseurs, et paradoxalement plus compliqué à appréhender pour les fans des deux disques précédents ? Je n’y réfléchis pas en ces termes, du moins j’essaye de ne pas le faire. Je pense que ce serait affreux de penser à ça quand on essaye de faire un disque. J’essaye juste de faire la musique qui me plaît. L’une des choses auxquelles je me suis intéressé en faisant ce disque, et auxquelles j’ai beaucoup réfléchi, c’est le rythme, la danse, ce genre de choses. J’ai un peu fait le DJ dans des clubs, récemment, et j’ai observé les chansons qui attirent les gens dans les clubs, ce sont beaucoup de rythmes 4/4, ce genre de choses. J’ai essayé d’en tenir compte mais à aucun moment, je ne me suis dit « je vais écrire un disque qui va plaire à ces gens-ci mais qui ne plaira pas à ceux-là ». Je m’en fous. Du moins, je m’en soucie après coup mais quand on écrit un album il ne faut pas y accorder d’importance. C’est juste une conséquence alors ? Oui ! Les gens utilisent beaucoup le terme de « vendu » et ils ne savent pas ce que ça veut dire la plupart du temps mais ce serait ça, pour moi, être un vendu. Je pense qu’on doit juste faire un album qui nous plaît. Be more kind est le premier album qui est suivi d’une véritable tournée mondiale, avec des dates annoncées au printemps dernier dans le monde entier. Considères-tu que tu es au point culminant de ta carrière ? (Rires) La seule vraie différence, c’est que cette fois-ci, nous avons annoncé la tournée complète longtemps à l’avance. On a trouvé que c’était une super idée à certains niveaux, mais c’était aussi beaucoup, beaucoup de stress au moment de l’annonce. On a annoncé quelque 120 concerts en une journée et tous mes réseaux sociaux et ma boîte de réception ont explosé. En fait, ça fait longtemps qu’on fait des tournées mondiales, mais en plusieurs fois. C’est difficile de dire quel serait le point culminant de ma carrière. J’aimerais penser que j’en suis au milieu, pas que j’approche de la fin. J’ai encore beaucoup de choses à dire, beaucoup d’idées. Mais qui sait ? Peut-être que tout le monde détestera ma prochaine production et que ce sera la fin. Quel serait le prochain cap à franchir ? Je ne sais pas. Une fois de plus, ce n’est pas quelque chose que je maîtrise, c’est le genre de choses dont on ne se rend compte qu’après coup. Nous avons joué au Red Rocks cet été, c’était cool d’y avoir notre propre concert. Lost Evenings (ndlr : un festival sur quatre soirs autour de Frank Turner avec, chaque soir, un set différent et des invités) est vraiment en train de prendre forme, ça aussi c’est très cool ! C’est vraiment difficile à dire... je ne sais pas, on verra ! Be more kind est référencé par les médias comme un album « politique », notamment avec les textes de « 1933 ». N’est-ce pas plutôt un album sur le monde qui ne tourne pas rond ? Oui ! Enfin, ça pourrait être les deux. Mon intention, qui peut sembler paradoxale, était d’essayer d’écrire un album politique mais non partisan. Je ne voulais pas prendre parti, parce que ce n’est pas un 43 INTERVIEW |