VIE ASSOCIATIVE Association Générale des Familles : la fin d’un modèle de société ? Pour de nombreuses familles versaillaises, l’Association Générale des Familles a longtemps été un véritable partenaire de vie. Fondée juste après la guerre, cette association aconfessionnelle et apolitique venait en aide à toutes les familles qui y trouvaient des réponses à des questions, des solutions aux casse-têtes du quotidien et des activités à pratiquer tout au long de l’année. L’AGF de Versailles a fini par tirer sa révérence en juin dernier : « La société a beaucoup changé », confie Florence de Dompsure, active à l’AGF depuis 30 ans et présidente depuis 15. « Les familles nombreuses sont moins nombreuses, les aides de l’État facilitant l’embauche à domicile ont baissé. Les temps et les mentalités ont changé aussi. Les mères que nous avions l’habitude d’accompagner se montraient plutôt reconnaissantes de ce que nous faisions. À la fin, nous avions le sentiment qu’elles prenaient cela pour un dû. » À la fin de la guerre à Versailles, aucune maison de quartier, ni sites Internet dédiés pour organiser la solidarité. L’AGF occupe donc spontanément un « créneau » celui d’une solidarité qui se pense, s’organise et se gère à l’échelle des citoyens, en partenariat bien souvent avec la Ville. 52 Versailles Magazine I mai 2019 60 années de solidarité de proximité Pendant plus de 60 ans, l’AGF affirme son statut de pionnier en proposant une halte-garderie pour mamans qui ne travaillent pas mais qui ont besoin d’un peu de temps pour elles ou encore un service de « conseil » aux familles : « Les bénévoles à l’accueil étaient souvent des personnes bien diplômées, capables d’un véritable accompagnement humain mais aussi technique : logement, handicap, santé… » Tous les sujets des grandes et petites étapes de la vie y sont abordés, en confiance et sans préjugés. À l’époque, les consommateurs viennent consulter la spécialiste des litiges, sans laquelle « régler un problème avec un service client relevait d’une course de fond. » L’AGF propose aussi toutes sortes d’activités pour les enfants et les parents : cours de tennis, cours de couture, cours de théâtre… « Nous avons été les premiers à organiser du soutien scolaire ou encore des « ateliers mémoire » mais aussi des petits-déjeuners pour les femmes où différentes problématiques (drogue, éducation, argent…) étaient abordées par un spécialiste. » créant, au fil des rendez-vous, une sorte de réseau féminin avant l’heure, comme il en fleurit tant aujourd’hui. À gauche : cours de tennis par l’association. À droite : arbre de Noël (janvier 1967). Les bénévoles à l’accueil étaient souvent des personnes bien diplômées, capables d’un véritable accompagnement humain mais aussi technique : logement, handicap, santé… L’association elle-même était une famille Et comme la solidarité commence bien souvent par soi-même, l’AGF met un point d’honneur à salarier les intervenants réguliers, et ceux qui en avaient le plus besoin : « Lorsque nous avons dissous l’association, nous avons été obligés de licencier nos professeurs de tennis. C’est peutêtre ce qui a été le plus dur pour nous tous. » Car l’AGF sent bien que les valeurs et la philosophie qui l’animent depuis sa création ne sont plus forcément dans l’air du temps : « Si l’État propose l’école obligatoire à 3 ans, les parents, parce que cela est gratuit, vont trouver cela formidable. Mais envoyer les enfants à l’école alors même que la propreté n’est pas acquise… est-ce véritablement un progrès ? » Tant de questions auxquelles l’AGF a choisi finalement de ne pas répondre. « À sa dissolution, après plus de 60 années de bénévolat et des milliers de familles accompagnées, l’équipe a reçu 4 lettres de remerciement. Seulement », précise Florence de Dompsure a |