Dossier Les affaires judiciaires qui ont marqué l’histoire Eugène Weidman (1908-1939), le « tueur au regard de velours », est le dernier assassin condamné à mort et guillotiné en public en France. L’exécution a lieu à 4 h 30 du matin, le 17 juin 1939 devant la porte de la prison Saint-Pierre (actuel 5, place André Mignot). Un désaccord entre le procureur de la République et le bourreau (faut-il exécuter le condamné à l’heure légale ou à l’heure solaire ?) occasionne un retard de 45 minutes qui permet à une foule nombreuse d’assister à la décapitation. L’exécution est filmée et photographiée, les images diffusées de manière à abonder les arguments des détracteurs de la peine capitale. Dès le 24 juin 1939, le président du Conseil, Édouard Daladier, promulgue un décret-loi qui abolit les exécutions capitales publiques : celles-ci auront désormais lieu à l’aube, dans les cours intérieures des prisons. Non seulement une publicité exagérée a été faite autour de cette exécution, mais elle a donné lieu à des débordements de la foule, composée en particulier de femmes, venues assister à la mort de cet homme au magnétisme singulier. Une légende prétend même que certaines d’entre elles auraient trempé leur mouchoir dans le sang du condamné qui, par ailleurs, recevait des lettres d’amour et de demande en mariage en prison ! Le « Tueur au regard de velours » est un séducteur professionnel. À l’aide de deux ou trois complices, il attire ses proies dans les divers pied-à-terre qu’il loue en banlieue parisienne. Le mode opératoire est presque toujours le même. Sous une fausse identité, Weidman abuse ses victimes, les séquestre, les violente, les exécute et les enterre. Six personnes succombent. Ses motivations demeurent inexpliquées. Sentiment de toute-puissance face à ses victimes ? Sadisme du serial-killer ? Il ne semble pas que l’argent fournisse un mobile suffisant. D’aucuns ont avancé l’idée qu’il serait fils de nazis, ce qui aurait permis à ce repris de justice allemand de quitter facilement son pays (malgré son casier judiciaire) pour venir en France en 1937. Le procès a lieu au terme de plus d’une année d’instruction et que Weidman ait avoué ses crimes et dénoncé ses complices. 32 Versailles Magazine septembre 2016 Eugène Weidman, dernier condamné à mort, guillotiné en public en France. François Achille Bazaine, le « traitre de Metz ». Henri Désiré Landru, assassin de 11 personnes. Des affaires antérieures… Les affaires jugées par le tribunal de Versailles sont nombreuses à partir des événements consécutifs à la Révolution de 1848 et à la Commune. François Achille Bazaine (1811-1888), « traître de Metz » a été accusé d’avoir précipité l’issue de la guerre franco-prussienne de 1870. La capitulation du maréchal Bazaine, le 28 octobre 1870 a permis à l’armée adverse de faire la jonction avec ses troupes à Orléans où elle a pu défaire l’armée française. Traduit devant le conseil de guerre réuni au Grand Trianon, Bazaine est condamné à mort par son président, le duc d’Aumale. Sa peine est commuée à 20 ans de prison, par le président de la République, Patrice de Mac Mahon. Henri Désiré Landru (1869-1922) est un tueur en série convaincu du meurtre de onze personnes. Il est exécuté devant la porte de la prison Saint-Pierre à 6 h 10 du matin, le 25 février 1922. Son procès a lieu du 7 au 30 novembre 1921, au terme de plus de deux ans et demi d’instruction. Après une première « carrière » durant laquelle il commet diverses escroqueries, Landru recrute ses victimes par des annonces dans des journaux. Ses proies sont des femmes de milieu relativement modeste (lingère, gouvernante, femme de ménage, secrétaire, domestique, couturière…) et isolées (séparées, en instance de divorce, veuves). Se faisant passer pour veuf et disposant d’une certaine aisance, il leur promet le mariage et les reçoit dans la maison qu’il loue à Gambais, les tue et leur soutire leurs biens. Assassin sans cadavre, il fait disparaître ses victimes qu’il dépèce. Son procès est riche en rebondissements et particulièrement médiatisé, d’autant que le prévenu bénéficie à la fois d’un ténor du barreau, d’un certain sens de l’humour et de l’absence de preuves. Le 24 février 1922, Alexandre Millerand, président de la République, rejette son recours en grâce. |