e double vie » etc... Et là, je suis tombée sur des photos d’une jeune femme de couleur qui doit avoir une trentaine d’années alors que mon mari en a quarante-sept. Il y avait beaucoup de photos différentes et certaines même où ils étaient tous les deux. J’étais extrêmement dégoûtée car je me suis rendue compte que mon mari me mentait depuis bien longtemps. Il y avait des photos sur une plage comme sur un air de vacances. Pour son travail, il s’absente plusieurs jours par semaine pour aller bosser à Paris. Depuis plus de dix mois, nous n’avons plus de relations sexuelles, et pas une fois il a essayé de m’embrasser ou de discuter. J’ai commencé à m’intéresser à sa maîtresse, j’ai vu beaucoup de sms et d’emails, que mon mari a envoyés et reçus, et je ne pense pas que leur relation ne soit qu’une simple aventure mais beaucoup plus. Depuis, je n’arrête pas de me comparer à cette fille, beaucoup plus jeune, très jolie et féminine, avec un bon job à Paris. Tout le contraire de moi qui ai passé toute ma vie à élever nos enfants et à m’occuper de la maison. D’après ce que je vois, c’est une fille qui a beaucoup d’infl uence sur mon mari. Depuis un moment, il achète des cosmétiques de grandes marques et beaucoup de beaux costumes chers. Je ne l’avais jamais connu comme ça. J’ai fi ni par lui en parler. Je lui ai dit que j’étais au courant et j’attendais des explications. Mais là, au lieu d’essayer de mentir, il me dit qu’il m’aime encore mais qu’il est aussi fou amoureux de sa maîtresse et que cela fait plus d’un an qu’ils sont ensemble. Il passe deux nuits par semaine avec elle, sans compter les loisirs. J’aime encore mon mari et je ne veux pas divorcer, je veux sauver ma famille. Pour sa part, la situation lui convient parfaitement et il n’a pas l’intention de changer sa façon de vivre. Il veut sa famille mais continuer à voir sa maîtresse... » LE MARI « Je déteste profondément la solitude quand je me retrouve à Paris et draguer prend du temps et c’est un rituel très répétitif », explique Hervé. Aussi, quand il rencontre Helen, sa nouvelle collègue de travail, il décide de prendre un appartement avec elle. « Cela s’est fait de façon très naturelle. Je lui ai dit que je n’étais pas marié et que je n’avais nulle intention de le faire. Elle, ça la sécurisait de vivre avec moi, alors… » Tout se passe pour le mieux. Quand il séjourne à Limoges, Élise, sa femme, organise sa vie autour de lui, et il profi te de ses quatre enfants. Et quand il est à Paris, il est comme un vrai jeune homme avec sa maîtresse de 15 ans de moins que lui. « C’est à croire que ce rythme est plutôt bon pour moi, note Hervé. Mes deux couples marchaient bien avant qu’Élise ne se mette à fouiller et à connaître l’existence d’Helen. Mais je savais qu’un jour elle découvrirait la vérité et je n’ai pas vraiment essayé de la lui cacher. Cela fait 22 ans que nous sommes mariés et elle peut comprendre que j’ai besoin d’un peu de « frivolité » et si ce n’était pas le cas, je ne pourrais pas rester. Je pense que parfois il vaut mieux laisser les choses se faire et ne pas forcément chercher à savoir. Elle se fait du mal à fouiller comme ça et elle apprend des choses qu’elle ne veut pas savoir. Je suis avec elle quatre jours par semaine et elle devrait en profi ter plutôt que de mal vivre une situation contre laquelle elle ne peut rien car je suis obligé de me rendre à Paris pour mon travail. (…) Il y a une forme de jubilation dans le fait d’être double, différent pour l’une et pour l’autre. Élise était la complice de ma jeunesse et de mes mauvais jours. Elle savait que je m’étais durement battu pour me faire une place et que j’avais parfois douté de moi-même. Notre relation est très tendre, et très sécurisante, même si elle est trop jalouse... Helen ne me regarde pas avec les mêmes yeux. Pour elle, je suis un homme accompli, raffiné, séduisant, sans autre problème qu’un emploi du temps surchargé. Au début, j’ai cru que je pourrais changer cette situation du jour au lendemain, décider de quitter l’une pour revenir avec l’autre et suivre un schéma familial classique. Mais, petit à petit, je suis devenu dépendant de ce système. J’aime le regard maternant de l’une et celui admiratif de l’autre. J’aime ces deux femmes. Ce sont deux plaisirs opposés mais liés l’un à l’autre » L’AVIS DU PSY Alors que l’infi délité passagère n’est pas préméditée et est souvent qualifiée d’accident dû à certaines circonstances et que le coureur de jupons est un homme qui ne sait pas entretenir de relations durables et ne base celles-ci que sur le sexe, celui qui mène une double vie relève d’un cas plus compliqué. Il s’agit même d’un sujet tabou dans notre société où chacun est assigné à vivre une seule vie à la fois : Une femme dans Un foyer avec Une famille. Les hommes qui s’y soustraient apprennent à manier l’art de combiner les deux pôles de leur existence en menant deux relations avec deux femmes différentes (parfois même plus). Ce qui distingue les hommes menant des double vies, c’est avant tout qu’ils s’engagent aussi sur le plan des sentiments. Ils ressentent ainsi le besoin d’aimer et de se faire aimer. Ils ne peuvent pas choisir car chacune des deux femmes qu’ils aiment leur apporte un bonheur complémentaire dont ils ne peuvent plus se passer et leur demander de faire un choix serait un vrai déchirement : c’est quelque chose qu’ils ne peuvent pas envisager. Le problème bien souvent, c’est que bizarrement ce sont des hommes jaloux qui n’aimeraient eux-mêmes pas partager leurs femmes... différences de l’autres n’est pas toujours facile en résumé. 45