e travestit » m’imaginer ce qui se passait le soir où les week-ends quand j’étais absent. Je n’ai rien remarqué au début. Puis, petit à petit, je trouvais que mon père se « féminisait ». Sourcils épilés, torse épilé et jambe épilées, cheveux plus longs et méchés. Quand je lui ai demandé pourquoi il faisait ça, il m’a expliqué que c’était pour plaire à sa compagne qui aimait bien les hommes qui prenaient soin d’eux. Je n’ai pas voulu chercher plus loin mais je lui ai quand même fait savoir que ça lui donnait un drôle de look. Un soir, avec des amis, on décide se rendre dans une boîte de travestis. Un peu pour voir à quoi ça rassemblait et aussi, je dois l’avouer, pour se marrer. L’ambiance était super bon enfant. Il y avait des « créatures » complètement loufoques et on s’amusait bien. Un travesti plus qu’un autre a attiré mon regard. Je n’osais pas y croire. Je me suis rapproché pour être sûr de ne pas faire d’erreur. C’était bien lui, mon père, qui jouait encore au foot avec moi il y a peu, qui était habillé en femme. J’ai eu l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds. De son côté, mon père est resté muet. Je ne pouvais plus bouger mais lui est parti en courant. Mes potes m’ont demandé ce qu’il se passait mais je n’ai eu le courage de leur expliquer. De retour à la maison, je n’avais qu’une crainte, croiser mon père. Il allait pourtant falloir qu’on se parle. Moi à l’école, lui au boulot, on s’est soigneusement évité toute la semaine. Mon père a pris les devants et on a fi xé un rendez-vous le week-end suivant pour « parler ». Un dimanche en famille dont on aurait bien aimé se passer. Sa compagne était là pur le soutenir. Mon père m’a alors avoué qu’il aimait se travestir en femme, qu’il trouvait dans le travestissement son équilibre et que sa petite amie n’y voyait aucun inconvénient. Je ne comprenais pas le plaisir qu’on pouvait trouver à se « déguiser » en femme. Mon père a été très clair. Il n’allait pas arrêter pour moi. Il acceptait d’être « discret » et de garder son travestissement dans la sphère privée. Il m’a expliqué qu’il était toujours mon père, un homme qui aime les femmes, qu’il m’aimait et qu’il ferait toujours tout pour moi. J’ai alors ressenti une sorte de répulsion vis à vis de lui. J’ai décidé de me prendre un appartement à moi. Je ne pouvais pas rester sous le même toit que lui. Aujourd’hui, on déjeune ensemble une fois par semaine pour ne pas couper le lien mais je ne le reconnais plus. J’ai toujours un père très présent et qui ne veut que mon bien mais quelque chose s’est brisé. » Pour Éric, la situation est aussi délicate. Il aime son fils et ne veut que son bien. Pour autant, il ne veut pas renoncer à se travestir. Il se sent bien comme ça. C’est son équilibre. Il regrette juste que les choses ne se soient pas passées différemment. « Le jour où Fabien a découvert que je m’habillais en femme, je m’en souviendrai toute ma vie. Je m’acceptais totalement mais je ne voulais pas que mon fils le sache. Je redoutais sa réaction et je savais que cela allait changer les choses entre nous. Quand nous nous sommes retrouvés nez à nez dans cette boîte, ma première réaction a été de m’enfuir. Rétrospectivement, je crois que j’étais soulagé. J’avais l’impression de lui mentir en ne lui disant pas que le travestissement m’apportait une certaine sérénité. Physiquement, cela se voyait également de plus en plus. Peut-être que Fabien s’en doutait mais il ne voulait pas se l’avouer. Quand nous en avons parlé, j’ai compris que plus rien ne serait plus pareil. On se voit toujours mais il y a une énorme distance. Heureusement que ma compagne me soutient. C’est elle qui m’a aidé à me révéler. Me travestir m’offre une bouffée d’air. Je me sens bien dans des habits de femme. Je ne pourrais plus m’en passer. Avec le temps, j’espère que mon fils me comprendra et que nos rapports reviendront à la normale. » « Avec le temps, j’espère que mon fils me comprendra et que nos rapports reviendront à la normale... » L’aVis du psY Éric a un problème d’identité sexuelle. Certaines personnes le vivent bien, d’autres non. Dans le cas présent, ce père de famille a l’air de gérer totalement son travestissement. Il s’épanouit en femme. S’il a besoin de ça pour se sentir bien dans son corps et que ça ne nuit pas à sa vie sociale, il a raison de continuer. En revanche, la réaction de son fils est totalement normale. Un garçon idéalise souvent son papa. C’est un modèle pour l’enfant. Un homme qui se travestit n’entre pas dans la norme, et c’est pour ça que Fabien a été très déstabilisé. Voir son père en femme, ce sont tous ses repères qui s’écroulent d’un coup. Mais il y a clairement de l’amour entre Éric et Fabien, il y a de fortes chances que leur relation se pacifie. Fabien doit comprendre et accepter que son père à besoin de cela pour se sentir bien et Éric doit rester discret sur ses penchants. Peut-être qu’avec le temps le père et le fils en parleront librement, mais cela se fera sur le long, très long terme. Tout est question d’acception et d’amour. 45