la santé Pourquoi le risque de cancer augmenteavecl’âge Recherche Rencontre àNice avec l’une des plus scientifiques les plus connues au monde dans le champ du viellissement. Elle raconte les dessous de cette liaison fatale entre âge et maladies Elle est la papesse mondiale du vieillissement. Aussi modeste que brillante, le P r Judith Campisi présentait ce mois-ci à Nice, dans le cadre dela 8 e conférence internationale bisannuelle de l’International CCN Society organisée par le P r Bernard Perbal (1), ses travaux sur les liens entre âge et maladies. Des travaux qui ont été récompensés par les prix les plus prestigieux. Quesepasse-t-il au cours du vieillissement ? Le vieillissement est caractérisé par un déclin progressif des fonctions des organes,tissus et cellules. Des pathologies bien connues sont ainsi associées à l’avancée en âge,comme l’athérosclérose, l’ostéoporose ou encore les maladies neurodégénératives. Mais, le vieillissement est aussi associé à une prolifération cellulaireinappropriée qu’on appelle « hyperplasie ». On pense actuellement que si on vit assezlongtemps, la probabilité que l’on développe un cancer est de 100%. Même si tout le monde heureusement n’en meurt pas ! Comment explique-t-on cette forme de fatalité ? Lorsque les cellules vieillissent, elles perdent progressivement la capacité P r Judith Campisi. (Photo P.B.) de se diviser et deviennent sénescentes,unétat classiquement considéré comme irréversible. Ces cellules sont rareschez les gens jeunes, et leur nombre augmente avec l’âge dans de nombreux tissus. Elles sont en cause dans ce risque accru de cancer avec l’âge. Ce qui peut surprendre, et que vous avez démontré, c’est que cescellules peuvent aussi êtreprotectrices ! Absolument. Dans un « environnement jeune » Élimination ciblée des cellules sénescentes (jusqu’à l’âge de 50 à 60 ans), ces cellules sénescentes ont tendanceà empêcher que des cellules anormales situées dans leur environnement se multiplient. Elles ont un rôle de suppresseur de tumeur. Et,avecl’âge, elles peuvent au contraire jouer un rôle dans la promotion de tumeurs. Anges et démons. Comment expliquer des rôles aussi opposés ? Il faut chercher du côté d’un ensemble de protéines produites par ces cellules sénescentes,désigné sous biennalecancero2016.coM E-mail : biennale2016@publicreatkins.com le nom de SASP.Tant qu’on est jeune,les composés contenus dans le SASP renforcent l’arrêt de croissancedes cellules anormales éventuellement présentes. Mais lorsque les cellules sénescentes s’accumulent avec l’âge, la composition de cette batterie de protéines évolue,créant, cettefois, des conditions favorables au développement de tumeurs à partir des cellules précancéreuses situées àproximité(microenvironnement). Cette évolution de la composition de SASP participerait aussi au développement des pathologies neurodégénératives et autres maladies liées au vieillissement. Quels espoirs pour l’avenir ? Nous expérimentons plusieurs voies thérapeutiques,dont l’élimination ciblée des cellules sénescentes nous semble la plus prometteuse. Nous avons déjà obtenu quelques résultats très encourageants. PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN 1. Le congrès,organisé par le P r Bernard Perbal etAnnick PerbalL, s’est tenu du 3 au 8novembre à Nice.Judith Campisi a reçu à cette occasion le prix ICCNS-SPRINGER décerné à un (ou une) scientifique renommé(e) pour son (ou sa) contribution exceptionnelle dans le domaine du vieillissement et du cancer. var-matin Samedi 28 novembre 2015 Témoignage Georges,81ans « Le cancer n’était pas une fatalité, juste une épreuve à traverser » À81ans,Georges Serre est un retraitéalerte qui ne fait vraiment pas son âge.Quatre cancers n’ont pas eu raison de ce dynamique Hyérois. Et « même s’il y a eu des moments difficiles, de la souffrance »,il affirme aujourd’hui que la maladie n’a rien enlevé à sa joie et à son appétit de vivre. « J’ai eu un premier cancer, de la prostate, en 2000, commence à raconter de Georges,avant de s’interrompre et de prévenir : « Je ne suis pas très sûr des dates. Je préfère les oublier. Il y a des choses plus belles dont il faut se souvenir. » Une opération et quarante séances de rayons plus tard, il est victime d’une récidive avec un cancer du rectum et de l’intestin. « J’ai été opéréenurgence, je me suis retrouvé avecune stomie, un intestin artificiel. Ça a duré six mois,mais au départjenesavais pas si ça serait définitif ou pas… Et puis après rebelote. Cancer du foie. On m’a réséqué six morceaux, et quelques années après, àl’occasion d’une nouvelle récidive, on m’aenlevé le lobe gauche plus la vésicule. Et vous voyezlerésultat : même pas mal ! » « Le cancer,pour moi, ce n’était pas une fatalité, reprend-il plus sérieusement. Juste une épreuve à traverser.Même si elle était très dure. Aujourd’hui je marche, je profite de la vie. Je suis un bringueur vous savez ! Je sais m’accorder des petits plaisirs comme un bon vin, profiter de tous les bons moments. J’ai bien récupéré, et je crois que d’avoir gardé un bon moral, d’avoir été bien accompagné, ça a été le facteur principal.Quand j’étais en chimio,j’ai aussi essayé d’oublier un peu mes petits problèmes en aidant les autres,en les aidant à garder le moral.Ça m’aidait, passée la souffrance, à mettre ma maladie à moi de côté. » C. M. 2 ame Monégasque Biennale de Cancérologie Cours Francophone d'Oncologie GRIMALDI FORUM MONACO 03/06 février 2016 * Pour plus d'informations, contacter le Secrétariat Scientifique et Organisateur au +377 97 97 35 55 |