var-matin Le dossier du jour Vendredi 27 novembre 2015 Aménagement : des politiques responsables ? Malgré les impacts de 2014, les projets d’urbanisation soutenus au lendemain des catastrophes laissent songeur. Zoom sur l’ensemble commercial défendu par La Londe au bord des salins L es décideurs varois ont-ils vraiment intégré le risque inondation ? À Hyères, la nouvelle mouture duPlan d’Exposition au Bruit, en lien avec la zone aéroportuaire, areçu un avis négatif du commissaire enquêteur qui, dans un rapport sans concession, met en lumièreles enjeux immobiliers. De fait, ce nouveau PEB va permettre de densifier l’urbanisation sur les anciennes zones humides de la frange littorale, aux embouchures du Gapeau et du Roubaud où les habitants ont été particulièrement impactés par la montée des eaux. À La Londe, la mairie soutien bec et ongle un important projet d’ensemble commercial : 8500 m2 de surface de vente sur un terrain de 2,7 hectares à100 mètres du canal de ceinturede la zone humide RAMSAR 1 des Vieux Salins d’Hyères, propriété du Conservatoire du Littoral. Directeur de la prévention et de la sécurité àHyères, Fabrice Werber était aux avant-postes lors des inondations. Retour d’expérience… « Lesouvenir de ces inondations reste encore très présent et douloureux. Nous avons vécu un épisode dramatique et tout le monde est resté sur le pont jour et nuit. Sollicité partout àlafois, si bien que la situation est restée critique pendant des heures interminables… », se souvient-il. « Aujourd’hui, le plan de sauvegarde communal est notre bras armé en cas decatastrophe. Il prévoit graduellement toutes les priorités àrespecter localement : sauvegarder d’abord les personnes tout en limitant les dégâts, puis protéger les biens et anticiper les risques suivants… », explique-t-il. Vue du projet d’ensemble commercial à La Londe.Projet retoqué récemment en commission national d’équipement notamment en raison de la nécessité d’imperméabiliser des sols. (Document DR) 2,7 hectares à imperméabiliser En juin dernier, laCommission départementale d’aménagement commercial du Var a donné un avis favorable. Seule la Ligue de Protection des Oiseaux a voté contre, et dénonce « des politiques d’aménagement archaïques ». La commission départementale adonné son feu vertmalgré un rapport accablant de la Direction Départementale des TerritoireetdelaMer.Signé par le directeur de la DDTM, Jean-Michel Maurin, et transmis au préfet Pierre Soubelet en mai dernier,ce document relève notamment l’incompatibilité du projet avec la loi Littoral, et met aussi l’accent sur « l’imperméabilisation au-delà des surfaces nécessaires ». Au titre delagestion des risques, les éléments apportés dans le dossier hydraulique ysont qualifiés de « sommaires ». Attaqué par l’association En Toute Franchise, ce projet vient de recevoir un avis défavorable -àl’unanimité des neuf membres -de la Commission nationale d’aménagement commercial. Outre la non-compatibilité avec le Shéma de Cohérence Territoriale (SCOT) Provence Méditerranée, la commission soulève les mêmes objections que la DDTM : incompatibilité avec la loi Littoral et accentuation du risque d’inondation. « La réalisation du projet va imperméabiliser de façon conséquente des terres qui, bien que non situées dans le périmètre du Plan de Prévention des Risques Inondation, sont inscrites dans la zone bleue de l’Atlas des zones inondables de la commune », note la commission nationale. « Notamment par la présence de ruisseaux situés immédiatement au nord du site d’implantation « Hyères dispose également d’un logiciel d’alerte qui, sur la foi d’une base de données détaillées, permet de contacter tous les habitants des secteurs touchés, dans un temps très court. du projet ». Le maire peut communiquer directement sur la base des informations fournies par les autorités et la météo. Dans la commune, c’est le Forum du Casino qui est le premier lieu de rassemblement en cas de danger. Dans le même temps, tous les policiers sont réquisitionnés, puis les hommes de la Protection civile et, enfin, les volontaires des comités communaux feux de forêt ». En cour d’appel Alors, exit le projet d’ensemble commercial ? Pas pour le maire deLa Londe, François de Canson : « L’avis favorable de la commission départementale qui a étudié très sérieusement le dossier est particulièrement bien motivé ». Selon le premier magistrat londais, les arguments de la commission sont « inexacts ». La société marseillaise dépositaire du projet, la SARL SPORTIMMO, afait partde sa volonté de saisir la Cour administrative d’appel. « J’attends désormais d’une véritable juridiction une décision juste et impartiale », déclarelemairelondais. NATHALIE BRUN 1-Depuis 1971, la convention RAMSAR préserve les zones humides. Cetraité internationalentendpromouvoirl’utilisation rationnelle des ressources de ces zones humides. Hyères : « Parés grâce au plan de sauvegarde » « Le Forum du Casino (en centre-ville de Hyères) est le premier lieu de rassemblement en cas dedanger », explique Fabrice Werber. Ici lors des inondations de novembre 2014. (Photo F.R.) Cellule de crise activée en centre-ville Pour Fabrice Werber, d’autres outils sont indispensables et « permettent de parer au pire : le logiciel Vigicrues est précieux. Il anticipe la montée des eaux. Nos caméras de surveillance sur site nous aident également beaucoup. Ainsi, nous pouvons suivre, par exemple, le niveau du Gapeau en temps réel et prendre d’éventuelles mesures d’évacuations àl’avance. Comme il y adeux ans, une cellule de crise se met en place au siège de la police municipale. De là, sur écrans, nous pouvons suivre aux quatre coins de la commune les montées d’eaux. Une cartographie précise des lieux et du relief pour chaque secteur de la ville apporte des renseignements indispensables. Nous disposons aussi d’une liaison satellite et d’un groupe électrogène en cas de black-out total. Ce protocole est indispensable pour limiter les dégâts et éviter des drames. L’expérience des inondations àHyères amarqué tout le monde durement. Aujourd’hui, nous sommes plus forts face àlamenace ». F. D. |