Après l’horreur du 13 novembre, quelétat d’esprit ressentez -vous chez les habitants de notre région ? En province, l’angoisse et les peurs semblent moins fortes qu’à Paris. Mais les gens m’interrogent beaucoup sur la sécurité, disent avoir apprécié l’attitude de François Hollande mais ont un discours dur sur la désunion nationale.Etbien sûr, ils m’interpellent : « Pourquoi n’avezvous pas pris toutes ces mesures avant ? » QuelrôlepeutjouerlaRégion dansuntelcontexte ? Je ne feraipas le cow-boy de service, je laisse cela à d’autres,en disant « Moi, président je réglerai les problèmes d’insécurité ! » En revanche,laRégion aune responsabilité sur « le vivre ensemble ». Un exemple : Marion Maréchal-LePen veut supprimer les repas de substitution dans les établissements de la Région. Imaginez les conséquences dans certains établissements où 70% des Castaner (PS), l’anti C hristophe Castaner,c’est pasMister fantaisie. Costume impeccable, cravate bien ajustée, barbe taillée au cordeau. Seul dénote un bracelet de montreendeux couleurs. L’argumentaire, il le déroule mezzo voce,nitropfort, ni trop doucement. Look un peu austère duBas-Alpin insensible au bling-bling, bon sens du paysan gardant les pieds sur terre quand ses adversaires, qu’il qualifie de bons « papillons médiatiques », se prendraient les ailes dans la lumièredes projecteurs. Traduction politique : unvrai Rocardien qui peaufine sa réputation de bûcheur. « Jesuis un candidat qui bosse, qui connaît ses dossiers ». Pas de fiche, mais une bonne mémoire, il maîtrise bien son territoire. Juste pris en défaut quand il prononce Corrins pour évoquer Correns dans le centre-Var.Un « pragmatique »,pas un « dogmatique » qui assume sa fibresocial-démocrate sans trop critiquer les écologistes et le Front de gauche, avec qui il faudra bien négocier un accord au soir du 1er tour.UnhussarddelaRépublique laïque version 2015, en phase avec « Manuel » (Valls), et son ministredel’Économie Emmanuel Macron qui aide ses compatriotes « à sortir du prêt àpenser ». S’il le faut, il peut marquer sa différence avec Michel Vauzelle. Par exemple sur le dossier des transports, quand il défend la logique du « mieux de trains » contrecelle, actuelle, du « plus de trains ». Pas de dérapages, des confessions bien contrôlées sur sa passion pour la culture, de l’humour –sans excès –des formules cruelles pour Christian Estrosi qui roule selon lui « dans la voiture la plus chère de France ».Des piques, répétées, contre « Madame Le Pen », à cause de propositions jugées « irréalistes ». Christophe Castaner n’est clairement pas le favori de cette élection. Mais il pourrait en êtrelasurprise. C’est, en tout cas, l’objectif qu’il s’est fixé. élèves,juifsoumusulmans,ne mangent pas de porc. Cesgamins ne resteront pas àlacantine et ne retourneront sans doute pas en cours à14h.Oncrée ainsi des germes de tension, de haine. La fonction de la Région, et plus largement des politiques aujourd’hui, c’est d’apaiser,de sécuriser.C’est l’inverse de ce qu’a fait la droite la semaine dernière en voulant hystériser le débat. Quand les Républicains ne sont plus des républicains et rompent l’uniténationale, ils le paient immédiatement. Un douanier a été tué lundi à Toulon dans une affaire de trafic d’armes, l’une des priorités du gouvernement. Évidemment, c’est une priorité, pas seulement vis-à-visdeDaesh mais aussi du grand banditisme.Cela implique aussi que les Douanes, asphyxiées sous Sarkozy, aient des moyens. François Hollande a annoncélerenfort de 1000 agents sur un effectif de 12 000. C’est un effort très important. C’est dit « Je suis entré en politique pour Michel Rocard,pour le parler vrai. » « Attention au discours de simplification qui devientsimpliste. Le simplisme, ça n’a jamais marché. Même chez les sept nains. » « Je suis un pragmatique, pas un dogmatique. » « Les premières victimes de Daesh, ce sont les migrants. Que l’on ne les rejettepas àlamer sous prétexte qu’un ou deux terroristes se sont infiltrés parmi eux ! » « Je combats tous les radicalismes : celui de Daesh mais aussi celui du FN. » Face àlarédaction « Notre rôle,c’est d’apaiser » Le candidat du Parti socialiste était à Toulon hier pour répondre aux questions de la rédaction du groupe Nice-Matin. (Photos Dominique Leriche) « Que « Les Républicains » soient républicains » Vous avez plusieurs fois appelé à une union des gauches. En vain. Qu’est-ce qui a achoppé –hormis l’opposition à la politique gouvernementale –avec les Verts et le Front de gauche ? Juste la politique du gouvernement. Parrapportàla thématique de l’austérité. Quand on veut me diaboliser,alors on sort l’arme suprême : il a été rapporteur de la loi Macron. C’est vrai. Mais nous avons 95% du bilan àlaRégion en commun. Et nous l’assumons. Et nous avons 95% du programme commun. Je me suis déjà prêté à l’exercice de prendre leur projet politique : je m’y retrouveentotalité, sauf sur la contestation de l’austérité nationale.Elle n’existe pas. D’autant plus avec la phrase du président de la République qui a annoncé que le pacte de sécurité l’emportait sur le pacte de stabilité... On votait déjà des budgets à moins 70 milliards –ce qui est mieux que la droite, qui était àmoins 140. On ne peut pas François Hollande a pris dix points dans les sondages. Une hausse dont les candidats socialistes aux régionales ne bénéficient pas... C’est le président de la République qui grimpe de dix points. Pas l’homme politique,du moins je ne le crois pas. Mon problème,comme celui de Claude Bartolone –qui abien plus de notoriété que moi –, c’est qu’un électeur sur deux ayant voté François Hollande dit qu’il ne viendra pas voter pour nous. La gauche a déçu et déçoit encore. La droite parler d’austérité. Ils ont nationalisé le débat pour ne pas venir avec nous. Résultat:ils le payent et je le paye.Onn’a pas créé de dynamique de 1er tour, alors que l’union aurait montré qu’il yavait un enjeu majeur : battre l’extrême droite et la droite extrême. Aujourd’hui on a des sondages qui les placent àmoins 8%,ce qui leur enlève la parole. Le soir du 1er tour,ils viendront frapper àmaporte et je les accueillerai. Mais je préférais un accord négocié dans le temps. Construit. Et rendu public. Concernant le 2 e tour,aucas où, comme certains sondages l’annoncent, vous arriveriez en 3 e position, seriez-vous prêt à vous retirer ? À vous allier à Christian Estrosi ? Sur la fusion, ce n’est pas envisageable une seule seconde. Le retrait non plus,car je ne serai pas dans cettesituation-là au premier tour.C’est langue de bois,mais ne demandez pas àun déçoit. Les électeurs sont prêts à l’aventure, regardent vers le Front national. Etre un proche d’Emmanuel Macron : cela peut desservir auprès de certains électeurs de gauche, notamment ceux qui reprochent au gouvernement sa politique libérale... C’est marrant parce que j’ai encore lu ce matin un sondage sur les hommes et les femmes politiques les plus populaires et j’ai vu que Macron était au sommet. Quand vous l’analysez,vous vous var-matin Mercredi 25 novembre 2015 candidat de se projeter,quand il est en campagne,sur sa défaite. Quand vous rencontrez un suicidaire, vous ne lui demandez pas « tu préfères la cordeoule pistolet ? ».C’est pas cool... Manuel Valls l’a fait avant nous... Parce que Manuel Valls s’est projetédans un cadretrès théorique.Jeregretted’ailleurs que la droitenel’ait pas fait lors des dernières départementales, où partout où il yavait des duels FN-PS, elle n’apas appelé àvoter contre le Front national,elle n’a pas appelé àvoter pour le Parti socialiste. Il y a des endroits comme àBerre(13), alors qu’elle avait la possibilitédeseretirer pour empêcher l’élection du FN, elle s’est maintenue.Je voudrais qu’on arrêtededemander aux socialistes d’êtreplus républicains que « Les Républicains ». Que Christian Estrosi soit républicain, et je le serai aussi. Gouvernement : de François à Emmanuel... apercevez que même à gauche,il est au sommet de la popularité. En revanche, il y a des gens,notamment au Front de gauche,pour qui Macron c’est le diable, la loi Macron c’est terrible.Mais il n’yen apas un qui peut direcequ’il yadans les 400 articles de la loi. Il faut sortir du prêt-à-penser.EtMacron aide àensortir. Si je suis rapporteur de la loi Macron, c’est qu’il yades gens qui pensent que je suis compétent. Je suis un candidat qui bosse,qui travaille ses dossiers,qui veut décliner concrètement la politique. |