Var-Matin n°2015-02-26 jeudi
Var-Matin n°2015-02-26 jeudi
  • Prix facial : 1,20 €

  • Parution : n°2015-02-26 de jeudi

  • Périodicité : quotidien

  • Editeur : SCIC Nice-Matin

  • Format : (277 x 395) mm

  • Nombre de pages : 56

  • Taille du fichier PDF : 67,5 Mo

  • Dans ce numéro : bio à domicile.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Fait du jour Paris:les agriculteurs varois Les producteurs ont offert un goût de vacances aux visiteurs du Salon de l’agriculture àParis, cachant leurs préoccupations face àlaPolitique agricole commune et au changement climatique qui les menacent àplus ou moins long terme D ans l’ambiance généreuse et ensoleillée du Salon de l’agriculture àParis, les producteurs azuréens et varois, défendent leurs terres, la qualité de leurs produits, leurs idées, leur avenir. « L’agriculture en mouvement », est le thème du salon cette année. Cela bouge vite. La Politique agricole commune (PAC) est perçue comme une menace plutôt qu’une solution. Lachambre d’agriculture du Var est obligée demettre une personne àdisposition des exploitants pour le montage des dossiers -toujours très compliqué -dedemande de subventions. Ils doivent être parfaitement ficelés, sous peine d’êtrerecalés. Acela s’ajoutent d’autres réglementations nationales et européennes, capables de tout chambouler du jour au lendemain. Même dans les filières qui ont de beaux marchés à couvrir comme celle du vin. Celle-ci doit faire face aux réglementations toujours plus restrictives sur la consommation d’alcool. Désormais le changement climatique les oblige aussi àseprojeter jusqu’à la fin du XXI e siècle pour assurer leur pérennité. D’ailleurs dans un Filouse, la vache-vedette, qui cette année fait l’affiche du Salon de l’agriculture, adela concurrence au Parc des Expositions : le pavillon des régions. Il est pris d’assaut chaque jour par des milliers de visiteurs. Les mimosas du Varyfleurissent dans leurs pots, sur le stand de la Chambrerégionale d’agriculture PACA, qui partage ses quelques mètres carrés avec les différentes chambres d’agricultures dont celles du Varetdes Alpes-Maritimes. On ymange, on yboit, on partage, on échange, on fait connaître ses départements. Safran de Vinon Dimanche, on ydégustait les huîtres de Tamaris produites par Michel Boutemer à La Seyne. Pour ce faire ilaouvert 1200 coquillages en direct. Lundi, Harmony Guis, faisait découvrir le safran qu’elle produit à Vinon. Pour la clôture du salon, les visiteurs dégusteront les violettes cristallisées de Jérôme Coche. Des bonbons acheminés directement de Tourrettes-sur-Loup. Entretemps, les visiteurs auront fait connaissance avec le réseau Bienvenue àlaFerme grâce à Emmanuel Orso dont les terres agricoles se partagent entre Cannes et Mandelieu. De quoi donner envie àlacapitale en vacances sur la côte, d’aller déguster ses pêches réputées autre pavillon du parc des Expositions, des chercheurs de l’Inra –Institut national de la recherche agronomique -expliquent, grâce àune vigne sous cloche, truffée de capteurs des feuilles aux racines, comment ils tentent de la rendre plus résistante àla sécheresse. Le dérèglement du climat menace toutes les filières même les plus emblématiques comme l’oléiculture : 142 communes varoises sur 153 produisent de l’huile d’olive. Avec la récolte 2014, le Varn’assurera pas ses 20% de la production nationale. La météo aune grosse part deresponsabilité dans cette chute de la production. S’adapter ou disparaître Tout ce qui fait les cartes postales des vacances dans le sud risque de changer d’ici 2100 : le vignoble, les champs de lavande, les vergers d’oliviers, les forêts et autres paysages qui font aussi les bons miels de Provence et contribuent àl’attrait touristique de la région. « Par rapport aux données 2000, le maraîchage est en recul de 45%, l’horticulture de 37% etl’arboriculture de 13% »,indique la Chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes. Dans le Varon joue la carte du bio, qui contribue àlapréservation de la terre et à une image positive. 18% deses surfaces agricoles et 426 fermes affichent le petit logo vert, soit une progression de 4,7% par rapport à2012. Le président François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls n’ont fait que passer, comme le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll que le président de la Chambred’agriculture du Var, Alain Baccino, ainterpellé alors qu’ils se croisaient dans une allée, sur les difficultés des horticulteurs. Les producteurs vont repartir avec leurs inquiétudes et leurs interrogations. L’agriculture varoise et azuréenne est en mouvement parce qu’elle doit s’adapter encore ettoujours pour ne pas disparaître. mais aussi ses autres fruits et légumes de saison. Cependant, pour lui, cette visite au salon a un autre enjeu : « Jecompte prendre des idées et augmenter mon savoir-faire. » Une allée sépare lestand de la chambre régionale d’agriculture decelui du Conseil régional, lui aussi très actif. On ycuisine chaque jour en direct les saveurs de la Provence. Au menu aujourd’hui du thon snacké mariné au thym et citrons de Menton, polenta aux olives de Nice (recette à retrouver sur Le Coin bleu, le blog cuisine et terroir de Nice-Matin et Var-matin). Les dégustations sont gratuites. Et ces petits îlots de Provence Alpes-Côte d’Azur, voisins d’autres régions de France, n’ont pas oublié le vin. En rouge, rosé ou blanc, les coteaux varois, côte-de-Provence et vin de pays se savourent et se commentent, tous les jours. Dossier : RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr Le sud fait campagne au Parc des expositions Durant tout le Salon de l’agriculture, le stand de la Chambre régionale d’agriculture et celui tout proche du Conseil régional ont proposé des dégustations de produits, varois en particulier. Ici, les huîtres de Tamaris. (Photo Philippe Dobrowolska) Enjeux énormes Ça c’est pour le côté ambiance, mais pour les agriculteurs qui participent au Concours général agricole les enjeux sont énormes. Ils sont 319 représentant le Var:12 oléiculteurs, 300 vignerons et 7 producteurs dans les catégories bières, charcuteries, produits apicoles, safran et huîtres. La petite étiquette avec sa feuille de chêne or,argent ou bronze est un gage de qualité qui favorise l’achat. Autant dire que dans les Alpes- Maritimes, le seul oléiculteur - l’EARL Champsoleil, de La Trinité -qui aeulamédaille d’or pour son huile d’olive AOP Nice, est plutôt fier. Cette vigne sous cloche, truffée decapteurs des racines aux feuilles, est sous observation. Les chercheurs de l’Inra veulent savoir comment elle réagit au climat et àlasécheresse. (Photo R.M.) Inondations et grêle ont aggravé la situation des horticulteurs varois, fortement concentrés sur le bassin hyérois. Le Varest le numéroun français de la fleur coupée. Aux catastrophes météorologiques, s’ajoute, comme pour leurs collègues des Alpes-Maritimes, un problème de modernisation des serres. L’Europe pourrait leur venir en aide, mais la Politique agricole commune (PAC) les aoubliés. Alain Baccino, président de la chambre d’agricultureduVar et vice-président de la chambre régionale, a interpellé le ministre Stéphane Le Foll, dans les allées du Salon de l’agriculture. « Aucune aide prévue » Un échange bref lui rappelant l’urgence de la situation. « Rien que dans le Var, 40% duparc de serres doit être renouvelé, et il n’existe aucun dispositif adapté pour moderniser cet outil, y compris dans les aides nationales »,expliquet-il. « LaPAC classique ne prévoit aucune aide pour notre horticulture et en particulier pour les petites structures comme celles du Var et des Alpes-Maritimes. On souhaite une organisation commune des marchés comme pour les fruits et légumes et le vin. On veut des moyens pour lutter contre la concurrence de pays comme le Kenya ou la Colombie. Les prix de leurs produits sont ridiculement bas, il n’y a aucun respect de l’environnement et les ouvriers sont souspayés ! » Du coup, les producteurs de fleurs coupées et en pots ont souhaité un label France. Il vient d’être créé. Il valorise l’origine du produit qui respecte la réglementation française, « qui est la plus stricte et la plus respectée au monde. » Aprésent, ils veulent gagner en notoriété en créant une IGP (Indication géographique pro- Y I Oubliés de interpellent
généreux mais inquiets la PAC, les horticulteurs StéphaneLeFoll Alain Baccino a interpellé le ministre Stéphane Le Foll sur les problèmes de la filière horticole. (Photo Olivier Réal) tégée). Autant de dossiers, longs et compliqués, à faire aboutir surtout quand le ministrenerépond pas. « C’est lui, ainsi que les instances régionales, gestionnaires des fonds européens qui ont la solution pour nous faire sortir de la PAC classique et nous faire bénéficier d’aides spécifiques »,martèle Alain Baccino. Modernisation nécessaire L’horticulture dans le Var, c’est 50% des exploitations en Paca, plus de 4000 emplois directs et indirects, 600 entreprises exploitant près de 600 hectares dont 150 sous serresetunchiffre d’affaires d’environ 120 millions d’euros. Dans les Alpes-Maritimes, cette production représente près de 50% du potentiel économique du département, 340 exploitations, soit 110 hectares dont 18 sous serres. Alain Baccino et son homologue des Alpes-Maritimes, Michel Dessus, espèrent bien que le gouvernement ne va pas abandonner la filière, et comptent obtenir des aides spécifiques de sa part, en plus d’un soutien dans le dossier PAC. Selon eux, l’absence d’aide ne pourrait qu’accroîtrelacourbe du chômage. Ils savent aussi que la modernisation des serres permettra de lutter contre le réchauffement climatique. Or cette année la France accueille la 21 e conférence climat. Elle se doit de montrer l’exemple. Le changement climatique perturbe les vignerons Quel vin fera-t-il demain ? Les consommateurs l’aimerontils autant qu’aujourd’hui ? Avec ces questions, l’Inra a interpellé les visiteurs du Salon de l’agriculture. L’institut national de recherche agronomique alancé un vaste programme de recherches autour du changement climatique, de l’adaptation de l’agriculture et en l’occurrence de la viticulture. Les différentes appellations doivent d’ores et déjà trouver des solutions, même en se basant sur le scénario le plus optimiste qui prévoit une hausse de température de +2degrés d’ici 2100. Scénario qui n’est possible que si le monde entier fait des efforts. Et convaincreles pays sera d’ailleurs un des enjeux de la 21 e conférence climat à Paris. Le Tropézien Thomas Carteron, qui présentait ses bières créées et fabriquées dans le Var au concours général agricole à Paris (Varmatin du 18 février) afait d’une pierre deux coups puisqu’elles ont été distinguées. La TROP blanche agrumes a reçu la médaille d’argent, avec ce commentaire « belle couleur, goût équilibré » et la TROP ambrée trois malts la médaille de bronze assortie de cette observation « beau produit, belle couleur ambrée, bel équilibre, bonne persistance en bouche ». Le réchauffement climatique aura unimpact sur le vignoble. Les chercheurs de l’Inra travaillent àen corriger les effets sur les vins. (Photo R.M.) Des rouges moins tanniques « Depuis les années 1980, les vendanges sont de plus en plus précoces. On remonte de plus en plus dans l’été », explique Jean-MarcTouzard de l’Inra. Et ce phénomène va s’amplifier. Conséquences : « Ilyaura plus de sucre dans le raisin, donc plus d’alcool. Plus de chaleur, moins d’acidité. Les rouges seront moins tanniques. Ils perdront de la couleur. Et les arômes changeront. » Les différentes appellations vont devoir trouver des solutions. « On pourra jouer sur les variétés, la conduite du vignoble, par exemple tailler de façon àgarder de la fraîcheur sur les grappes. On pourra modifier les pratiques œnologiques en enlevant de l’alcool et en rajoutant de l’acidité ou irriguer à certaines périodes. Tout cela sans perturber le vin », explique le chercheur. Car il faut faireensorte que le consommateur continue à apprécier le vin. Alain Baccino, viticulteur à Cuers dans le Var, confirme « entre mai et septembre, il y asouvent une absence de pluie qui entraîne une hausse du taux de mortalité dans les vignes. Certains domaines utilisent déjà l’irrigation. Elle était interdite autrefois. Il a fallu adapter le cahier des charges de certaines appellations. » Les bières varoises primées Les deux bières présentées par Thomas Carteron au concours ont reçu une médaille.(PhotoLaurent Martinat) Premières retombées Evidemment, l’heureux lauréat dont c’était la première participation, est satisfait de ce doublé. « Cette reconnaissance nous fait plaisir, dit-il. Pour le lancement de ces deux nouvelles recettes, c’est un pas important vis-à-vis des acheteurs. C’est un éclairage, un argument de plus, dont nous avons bien besoin pour nous démarquer de nos concurrents. C’est encourageant et maintenant, il faut vendre ». S’il regrette de ne pas avoir pu concourir avec la TROP rosée, il espère que peutêtre, un jour, existera-t-il une catégorie « boisson à base de bière ».Enattendant, Thomas Carteron tout en travaillant sur d’autres recettes « seconcentre d’abordsur ces deux produits. Il ne faut pas courir trop de lièvres en même temps. S’il est simple de faire des petites quantités, on essaie aussi de se démarquer de nos confrères avec l’étiquetage. Avec davantage de volumes, il faut pouvoir suivre. » En tout cas, il vérifie l’impact des médailles du concours général agricole dont les retombées n’ont pas tardé : « Suite à la publication des résultats, nous avons déjà eu des appels pour des référencements dans la région et au-delà. » L’avenir de l’entreprise tropézienne est plein de promesses. V. G.



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