HISTOIRE D’UNE UNITÉ COLLECTION Le sergent-brancardier Claude Douhard, d’Autun (Saône-et-Loire), aumônier bénévole du 56 e Régiment d’infanterie. Son statut non-officiel explique qu’il porte une tenue ordinaire sans attributs religieux. La légende poignante du cliché précise qu’il est photographié lisant son bréviaire dans un trou d’obus, à Fleury, la veille de sa mort. (Mort pour la France le 3 août 1916 à Fleury-devant-Douaumont. Médaille militaire et trois fois cité) (coll. Régis Calvet) Tenue de l’abbé Jacques Fournier, prêtre-soldat dont la chapelle a déjà été présentée. Il s’agit ici d’une vareuse mle 1914 (1er type) avec galons de brigadier et pattes de col du 234 e RAC de Périgueux, 12 e Corps. L’étole portée autour du cou est souvent le seul attribut religieux porté sur la tenue des aumôniers bénévoles dans l’urgence des circonstances de guerre. (coll. Eric Baradon) Petits objets de dévotion au Sacré-Cœur, tradition française depuis le XVI e siècle. Portés visiblement ou non sur la tenue militaire, 12 millions d’insignes auraient été distribués pendant la Grande Guerre, mais pas seulement parmi les troupes. La tolérance du commandement était variable, jusqu’à ce que le gouvernement en fasse interdire l’usage par une note en juillet 1917. En zone occupée, ils sont interdits par la police allemande sous peine de prison assortie d’une amende de 3000 reichsmarks. Ce court témoignage du soldat Benjamin Godard du 411 e RI illustre cet usage controversé, en juillet 1915 : Hier je m’étais permis d’épingler un de ces insignes sur mon képi, quand un commandant hargneux, B, étranger à mon bataillon mais du même régiment, de passage aux tranchées, aperçut mon insigne. Il prit un ton plus autoritaire que de coutume et me clama : soldat, enlevez-moi ça. Je fis l’étonné…Enlevez-moi ça vous dis-je. Je regarde autour de moi…c’est à vous, l’homme aux lorgnons, que je cause. Enlevez ce que vous avez sur votre képi. J’enlevai l’emblème de mon képi et l’épinglai sur ma veste à gauche. Nous fîmes une trentaine de mètres dans la tranchée lorsqu’il se retourne. Enlevez-moi ça vous dis-je, vous vous moquez de moi ? Je m’attendais à voir sortir le sacramentel « huit jours de taule » ; point… mon capitaine qui était là me regarda et rit. Quant à mon chef de bataillon qui était là aussi, il ne broncha pas et ne fut ni pour ni contre. 74 UNIFORMES | COLLECTION |