HISTOIRE DE COMBATTANTS COLLECTION Destins croisés TEXTE ET PHOTOS : Daniel Blanchard Le caporal Vissers est éclaireur dans la HQ Co./8th Inf./4th I.D. Il débarque le 6 juin 1944 sur la plage d’Utah Beach avec la 2 e vague d’assaut. Le canonnier Kothgasser appartient à la Pz.J.-Abt. 709 de la 709. ID qui tient le secteur entre Ste-Mère-Eglise et la côte où va débarquer la 4 e DIUS. Pendant la bataille de Normandie puis au cours de celle des Ardennes, les destins des deux hommes vont se croiser un bref instant. Les deux anciens ennemis vont revivre ensemble ces deux moments d’Histoire. Fils d’immigrés hollandais, Christian Vissers naît en 1923 à Franktown (Colorado). Il s’enrôle dans l’armée à Fort Carson en 1941 et est affecté à la 4ème DI qui a été réactivée à Fort Benning (Géorgie) dès le 1er juin 1940. Cette division comprend essentiellement des appelés et se compose des 8 e, 12 e et 22 e RI, du 4 e Groupe de Cavalerie et du 359 e RI détaché de la 90 e DI pour le Jour J. Sans jamais avoir combattu mais bien entraînée, la « Fourth Ivy » vogue vers l’Europe le 18 janvier 1944 et aborde dans le port de Liverpool le 29. Ses effectifs se joignent ainsi aux milliers d’hommes rassemblés au Royaume-Uni en prévision de l’Invasion de la France. La division stationne sur la côte sud-ouest puis rejoint le Centre d’Entraînement d’As- Juin 1944, secteur de Ste-Mère- Eglise, Normandie. Notre artilleur sur canon d’assaut Stug.40 attend le débarquement qui peut survenir dans la Manche ou dans le Pas-de-Calais. De service au cantonnement, il a coiffé une casquette de campagne Feldmütze M43 et enfilé le blouson croisé Feldjacke, adopté en mai 1940 et taillé sur le patron des blousons de tankiste mais confectionné en drap de laine vert de gris. L’effet est doté des pattes de col et des pattes d’épaule à liseré rouge, couleur de l’artillerie. Sa tenue comprend la chemise portée sans cravate et le pantalon Kielhose M43 enfoncé dans des bottes à tige haute. Au ceinturon à boucle métallique estampée Gott mit Uns, sont simplement passés l’étui en cuir de la baïonnette ainsi qu’une seule cartouchière en cuir permettant d’alimenter en munitions son fusil Mauser, emportée à bord de l’engin chenillé. (Photo Max de Normandie) saut à Woolacombe sur la côte sud.C.V. : « Juste avant l’invasion, j’avais fait faire une photo de moi comme nous le faisions tous à l’époque, pour la famille au cas où on ne reviendrait pas de la guerre. Du New-Jersey où elle a embarqué, la division est partie en convoi vers l’Angleterre. Je me trouvais dans le Devon près d’Exeter. J’aimais bien la campagne anglaise et les paysages qui ressemblent à la Normandie. Mais je ne suis jamais revenu en Angleterre, ni pendant ni après la guerre. Pourtant je suis resté dans ce pays pendant environ cinq mois avant le débarquement ». Autrichien né en 1921 à Graz (Styrie), Aleksander Kothgasser accomplit son service militaire dans la Wehrmacht dès 1938, juste après l’Anschluss. En 1939, il se trouve sous l’uniforme quand la guerre éclate. Il participe à la campagne de Pologne puis à celle de France en 1940 et passe deux ans sur le front de l’Est. Au printemps 1944, il est affecté en France sur la côte orientale du Cotentin au sein de la 709 e DI basée le long des plages. La 91. Luftlande Division se trouve dans les terres, tandis que la 243. ID défend la côte ouest de la péninsule. Avec son PC à Ste-Marie-du-Mont, le Fallschirmjäger Regt. 6, barre la route de Carentan. Ces unités forment le 84. Korps, lui-même rattaché à la 7. Armee qui occupe la Basse- Normandie. A.K. : « J’étais simple soldat et au début de la guerre, affecté dans une Panzer Abwher Abteilung équipée de canons de 88. A la fin de la guerre, avec des canons PAK montés sur châssis de char, l’unité est devenue Panzerjäger. Nous sommes arrivés en Normandie en avril 1944. En juin, je me trouvais dans le secteur de Ste-Mère-Eglise et on attendait le débarquement. Il pouvait très bien survenir ici ou dans le Pas-de-Calais ». L’invasion en France Le soir du 5 juin, après avoir été rappelée la veille à cause du mauvais temps, la flotte innombrable se lance dans la plus grande opération amphibie que l’Histoire militaire ait jamais connue. Les G.i’s ont le mal de mer avec la tempête et l’anxiété augmente avec l’inactivité sur les bateaux puis à l’approche des côtes. Sur le pont des navires, on entend dans la nuit les tirs de la Flak sur les avions des parachutistes et on voit des boules de feu orange dans le ciel.C.V. : « Quand on a embarqué, on portait la pochette de premier secours standard. Sur le bateau, on nous a donné en plus un paquet de soins de parachutiste, des 14 UNIFORMES | COLLECTION |