TENUE DE CAMPAGNE COLLECTION Le soldat français dans la guerre du Golfe 1990-91 Le 2 août 1990, sur les plages de sable fin les aoûtiens remplacent les juilletistes. Dans ce chassé croisé estival, une nouvelle passe quasiment inaperçue : les forces irakiennes ont envahi le Koweït. Ce simple entrefilet deviendra rapidement un gros titre et très vite ce sont les premiers éléments de la plus grande opération militaire interalliés depuis la Seconde Guerre mondiale qui se rassembleront sur le sable brûlant du désert d’Arabie Saoudite. A l’arrivée en Arabie Saoudite, il n’existe pas de tenue spécifique pour ce théâtre d’opération. Rien ne permet donc de distinguer ce soldat s’acclimatant au désert saoudien de son homologue en manœuvre à Mourmelon, Valence ou Fontevrault. Il porte le casque modèle 78 F1 recouvert du filet de camouflage synthétique pour casque (la fameuse « salade »). Il est vêtu de l’ensemble veste et pantalon F2 et porte l’équipement standard en dotation (ceinturon, portes chargeurs FAMAS, bidon dans sa housse, bretelles de suspension sur lesquelles est fixé le nécessaire de nettoyage de l’arme). Son fusil d’assaut est logé dans une housse en toile plastifiée le protégeant de la poussière. L’ANP 51 sanglé sur la cuisse n’est plus simplement là pour l’entraînement car une alerte SCUD peut intervenir à tout moment. TEXTE ET PHOTOS : Christophe Guillemet La guerre avec l’Iran a laissé une dette colossale à l’Irak au profit de certains de ses voisins arabes, et notamment quinze milliards de dollars vis à vis du Koweït. Celui-ci dispose, en outre, d’importantes réserves pétrolières et d’un débouché sur le Golfe Persique. La tentation est donc grande pour Saddam Hussein d’en faire une province irakienne. Le 2 août 1990, ses troupes franchissent la frontière et balayent sans difficulté la petite armée de l’émirat. Le même jour, le conseil de sécurité de l’ONU condamne l’invasion. Le 6 août, il impose des sanctions économiques à l’Irak et la France met en place un embargo commercial sur toutes les livraisons irakiennes et koweïtiennes. Le 7 août, les Etats-Unis déclenchent l’opération Desert Shield et déploient des troupes en Arabie Saoudite. Le but est strictement défensif au cas où l’appétit de l’Irak s’étendrait à ce pays. Le 9 août, le président Mitterrand demande que soit restauré le droit international violé par l’Irak et annonce l’envoi vers le Golfe Persique de forces navales chargées de contrôler l’embargo. Il évoque déjà une logique de guerre et le porte-avion Clémenceau quitte Toulon avec, à son bord, le 5 e Régiment d’Hélicoptères de combat, la 2 e compagnie du 1er RI ainsi que des éléments du 1er RIMa et du 11 e RAMa. Bouclier du Désert Le 14 septembre, des soldats irakiens saccagent l’ambassade de France à Koweït City et enlèvent quatre français. En réponse, la France décide de projeter une force terrestre en Arabie Saoudite. Le nom de code de l’opération entrera dans l’histoire sous le nom de Daguet. Le 20 septembre, le 2 e régiment Etranger d’Infanterie embarque le premier, 5 jours seulement après en avoir reçu l’ordre. Il est suivi par le 1er régiment de Spahis de Valence, déjà professionnalisé, ainsi que par le 6 e Régiment Etranger du Génie. Les troupes débarquent dans le port de Yambu qui dispose des infrastructures nécessaires à l’accueil des hommes et du matériel de la brigade Daguet. Le point de débarquement étant situé sur les côtes de la Mer Rouge, la brigade doit parcourir 1 100 Km de route à travers le désert en contournant les villes saintes interdites aux infidèles avant d’atteindre sa zone de déploiement près d’Afhar al Batin dans la région des trois frontières. Cette zone, baptisée Arenas, se situe au milieu de nulle part. Pour autant, c’est sans se poser de question que les hommes se mettent à l’ouvrage. De l’ouvrage, il y en a : installation des camps, entretien du matériel (le sable s’infiltre partout), entraînement au combat en milieu désertique et contre la 62 UNIFORMES | COLLECTION |