HISTOIRE D’UNE UNITÉ COLLECTION BAYERNWACHT La Garde bavaroise 1924 – 1933 TEXTE ET PHOTOS : Filippo Lombardi TRADUCTION : Simon Carrel Lorsque l’on évoque les années tumultueuses de la République de Weimar, qui vont de la fin de la Première Guerre mondiale à la prise du pouvoir par les nazis en 1933, l’on pense en premier lieu aux groupes armés qui incarnèrent l’expression des deux extrémismes : tout d’abord les Freikorps, les Corps francs qui combattirent contre les tentatives d’invasion polonaise des territoires orientaux, puis les récentes formations du nouveau parti nationalsocialiste. Elles soutinrent des batailles de rue acharnées contre leurs ennemis naturels, les « conseils des soldats et des ouvriers », le « front rouge de la ligue des anciens combattants », formation paramilitaire du parti communiste, et le groupe « cheminots noir-rouge-or », plus proche des idées de la social-démocratie. Il existe cependant un autre aspect méconnu, à savoir le fait que également les partis du dénommé « centre modéré » possédaient également leurs propres formations d’autodéfense et que ces dernières, dans certains cas, furent loin d’être quantité négligeable. Parmi elles figurent au premier plan la « Bayernwacht », dont nous voulons ici narrer l’histoire. Une affiche électorale du Parti Populaire Bavarois, qui se présente de façon évidente comme alternative centriste par rapport aux deux extrémismes, représentés par les serpents avec l’un, la faucille et le marteau et l’autre la croix gammée. (DHM). Naissance de la Garde bavaroise La Bayernwacht (littéralement Garde de Bavière) fut le groupe armé d’autodéfense du BVP - Bayerischen Volkspartei (Parti Populaire Bavarois). Le BVP avait été fondé le 12 novembre 1918 à Regensburg, expression des aspirations catholiques de la population bavaroise, marquées par des positions fortement conservatrices et fédéralistes qui visaient à ce que la Bavière puisse bénéficier d’une large autonomie à l’intérieur d’un état fédéral. Après la bataille de Munich en mai 1919, au cours de laquelle les Freikorps avaient étouffé la république des conseils, d’inspiration communiste, le BVP participa au gouvernement régional dirigé par les sociaux-démocrates et dans les années 20, lorsque le Président fédéral en fut issu, le parti conserva un très haut pourcentage d’électorat favorable, aux environs de 30%, et qui dans certaines zones du Palatinat atteignit et même dépassa les 50%. Avec environ 55 000 adhérents répartis en 2500 sections locales il représentait le plus fort parti allemand à base régionale. Plusieurs ministres au sein du gouvernement national en furent également issus. Les origines de la Bayernwacht remontent à la tentative de coup d’état nazi de 1923 et dans la bataille électorale qui enflamma l’Allemagne en 1924. Suite aux nombreuses attaques qui à Munich étaient perpétrées contre les assemblées et les réunions du BVP, le président Fritz Schäffer décida, au cours de l’été 1924, d’organiser une première équipe de « maintien de l’ordre » afin d’éviter ces troubles. Cette petite organisation fut placée sous les ordres de Hans Ritter Von Lex, et ce jusqu’à sa dissolution. Le nom de Bayernwacht fut probablement utilisé pour la première fois en 1925. C’est en 1927 que l’appellation devint définitive, avec la remise du drapeau. La devise du groupe était « Kernbayerisch und treudeutsch ! » que l’on pourrait traduire par « Bavarois jusqu’à la moelle et Allemands fidèles ». Tous les citoyens bavarois à partir de 17 ans animés d’idéaux catholiques et de fidélité à l’Allemagne, pouvaient y adhérer. De ce fait, ce furent les associations catholiques et les unions paysannes qui fournirent les plus gros contingents. Les financements venaient principalement du clergé catholique et pour une part mineure de l’association centrale hébraïque. Les armes et les équipements furent en revanche prélevés dans les dépôts où avait été accumulé le matériel de guerre des corps francs bavarois qui avaient combattu contre la révolution de 1919. Le développement de la Bayernwacht se limita tout d’abord à la ville de Munich ; la formation fut alors présentée comme le contrepoids naturel catholico-bavarois aux formations des SA, des SS et de la 64 UNIFORMES | COLLECTION |