INSIGNES COLLECTION Les « Blood Chit » de l’USAAF L’Asie (2 e partie, suite d’Uniformes n°287) TEXTE ET PHOTOS : Grégory Pons Un des problèmes majeurs auquel les aviateurs américains furent confrontés pendant la Seconde Guerre mondiale fut la nécessité de s’identifier auprès des populations étrangères afin de pouvoir obtenir leur aide et regagner leurs lignes lorsqu’ils étaient contraints d’abandonner leur appareil. A cet effet, les Anglais et les Américains mirent au point différents objets parmi lesquels l’un d’eux allait devenir mythique : le Blood Chit. Très ingénieux et simple à fabriquer, il s’agit d’un mouchoir d’identification multilingue comprenant un message demandant secours et assistance, promettant aussi parfois une récompense, semblable à ceux que portaient les volontaires étrangers dans l’aviation de la Chine nationaliste en 1937-1938 et ceux plus connus sous l’appellation des Tigres Volants regroupés au sein de l’American Volunteer Group (AVG) à partir de 1940. Le terme Blood Chit résulte de la combinaison de deux mots anglais : Chit signifiant « petit mot » ou « note » et Blood signifiant littéralement « sang » sous-entendu comme élément essentiel à la vie. Le Blood Chit est donc un message permettant d’avoir la vie sauve et constitue le dernier espoir pour un aviateur d’obtenir du secours. Si à l’origine, il apparaît logique que le Blood Chit comporte le drapeau de nationalité de l’aviateur concerné, il ressort de l’expérience acquise sur le terrain que les drapeaux étrangers ne sont pas forcément connus des populations vivant en dehors des grandes agglomérations. Pour cette raison, les premiers Blood Chit furent ornés du drapeau de la Chine nationaliste ou de la Birmanie, plus facilement reconnaissables. Ces modèles coexisteront en parallèle de ceux ornés du drapeau américain ou anglais jusqu’à la fin de la guerre. En raison de leur focalisation sur les opérations aéronavales dans le Pacifique et le conflit en Europe, ce n’est qu’à partir de 1943 que les Américains se penchent sur la conception des Blood Chit. La récupération des aviateurs ne fut pas une mince affaire, notamment en raison de l’immensité des zones survolées, leur relief, les diversi- Deux membres d’équipages de C-47 arborent au dos de leur blouson deux versions du drapeau d’identification. L’homme au premier plan porte une fabrication fantaisie en cuir, tandis que l’homme au second plan porte une fabrication indienne imprimée sur soie. (National Archives) tés linguistiques et climatiques, le tout dans un contexte politique des plus confus. Les aviateurs étaient avisés que le cas échéant ils seraient confrontés à de nombreuses difficultés pour se frayer un chemin dans ces étranges contrées. Pour cette raison, certains modèles de Blood Chit promettent une récompense à quiconque portera assistance à un aviateur. Les fabrications chinoises La commission des affaires aéronautiques chinoise (China Aero Commission) dirigée par Madame Chiang Kai-Shek s’investit très tôt dans la fabrication de Blood Chit dès la dissolution des Tigres Volants (AVG) en juillet 1942. Si le graphisme de base reprend celui des Blood Chit distribués aux Tigres Volants avec le drapeau de la Chine nationaliste, on observe plusieurs variantes quant aux idéogrammes utilisés. Certains lots produits à l’époque des Tigres Volants furent même renumérotés pour être distribués aux unités de la 14th Air Force succédant à l’AVG en Chine. Le choix de la soie comme support d’impression peut paraître étonnant car ce matériau nous paraît relativement fragile, mais plusieurs raisons expliquent ce choix. La soie est extrêmement répandue et relativement bon marché en Asie. De plus, elle permet de réaliser une impression de très bonne qualité des textes écrits en fins caractères. Enfin, l’encre demeure très stable sur ce matériau. 42 UNIFORMES | COLLECTION |