HISTOIRE D’UNE UNITÉ COLLECTION Carte postale rappelant la mémoire du chef de bataillon Jacques Bédoura, commandant en 1915 le 1er bataillon du 119 e R.I., dit bataillon « Pot au feu ». rique, nous les avons tenus à distance de la Sambre, les tuant au fur et à mesure qu’ils avançaient. Vers 13 heures, la pression des allemands, soutenus par une nombreuse artillerie, augmente et devient menaçante sur le front des voisins. C’est l’heure du déjeuner mais il n’est plus question de manger. Nous avons tenu ces endiablés d’allemands. Les 1er et 3e bataillons du 119 e R.I. se replient sur le front de Montigny-le-Tilleul à onze kilomètres environ en arrière, sur la Sambre à gauche de la route nationale belge n°21 avant la rue de l’Agace. Après avoir suivi la route nationale, nous empruntons à gauche une tranchée d’écoulement d’eau vers la Sambre, sur les bords nord de laquelle nous nous établissons en ordre de bataille derrière des tas de briques qui sèchent au soleil ; nous sommes ici les 2 e, 3 e et 4 e sections de notre 2 e compagnie. La 1 re section est derrière nous en hauteur et peut tirer sur l’ennemi par derrière nous, à contre-pente face à l’ennemi, mal placée dans un champ d’avoine non coupée. Derrière elle, à 30 mètres environ, il existe une haie d’épine blanche bien touffue en dessous d’un petit talus. C’est la mort certaine d’une partie de ces combattants. Cela m’a beaucoup étonné de la part de son chef qui, le matin, nous a fait capturer la patrouille de Uhlans sur la Sambre devant la gare. Sur notre gauche nous avons un pré d’herbe rase et descendant sur la Sambre, où se trouve le 49 e régiment d’infanterie de Bayonne (18e corps d’armée) ; c’est une drôle de position, aucun accident de terrain jusqu’à la rivière ! C’est le nu complet. De l’autre coté de la Sambre, il y a de la cavalerie et nous l’avons vu se replier au galop au premier contact avec l’infanterie allemande ; des chevaux tués et des cavaliers blessés ou tués. Les autres n’ont pas résisté et ont disparu au plus vite. Tout à coup, devant nous, nous apercevons à deux kilomètres environ les allemands qui, après avoir passé la Sambre à Marchienne-au-Pont, où nous avons couché le 21, débouchent en colonnes par quatre des crassiers de Mont-sur-Marchienne. Le lieutenant Ruanet, commandant la 1 re section de notre 2 e compagnie, et qui se trouve derrière nous en hauteur, tire sur eux avec un feu de salve Autre exemple de livret militaire, ayant appartenu à Pierre Lebigre, originaire du Calvados, classe 1907, qui à la mobilisation sera versé dans l’industrie de l’armement. Livret militaire ayant appartenu au soldat Cottard, classe 1890. Disposition inhabituelle, il porte la mention « 119 e régiment d’infanterie » tamponnée sur la couverture. l’infanterie allemande, avec ses mitrailleuses, en haut de la rue qui descend sur la Sambre, en face de la gare. Nous sommes bien cachés derrière et nous tirons à feu à volonté dans le tas. Nous avons une mitrailleuse à notre disposition. Vêtus légèrement, les allemands descendent, nombreux, en se faufilant dans les embrasures des portes et sous les porches ; ils se font descendre comme des lapins, la rue est jonchée de cadavres ; mais il en vient toujours de nouveaux. On dirait une nuée de sauterelles. Leurs pertes sont élevées. De notre côté, nous n’accusons pas de pertes ; nous leur avons fait beaucoup de mal et, malgré leur supériorité numéen disant « ce sont peut être des anglais » « quelle blague ! » nous avons pensé, nous venions de nous battre avec les allemands jusqu’à 13 heures. Les anglais les auraient donc remplacés ! Ignorance totale. Le soir du 22 août nous recevons l’ordre de nous reporter à droite de la route nationale belge n°21, après avoir subi des pertes considérables, en tués et blessés, derrière nos tas de briques. En prenant à droite un chemin perpendiculaire à la route nationale, je tombe sur le dos, à l’intersection des deux chemins dans la partie maçonnée. Impossible de m’arracher de cet endroit. Alors, deux camarades me coupent les courroies d’épaules de mon havresac et me tirent de cette mauvaise situation. Les allemands sont à 20 ou 30 mètres de nous. En m’examinant plus attentivement mes camarades me dirent : « mon vieux Martin, tu l’as échappé belle. Regarde ta gamelle qui est traversée d’une balle au ras de ton cou ». Nous avons pris une nouvelle position face à Montigny-le-Tilleul où notre 4 e compagnie se cramponne dans un pré, le derrière en l’air pour bien se faire voir et reçoivent les premiers obus allemands. Heureusement ce ne sont que des shrapnels qui éclatent assez haut. Telle fut notre première journée de bataille à Charleroi-Marcinelle où nous nous sommes battus jusqu’à la grande nuit. Dès lors, nous apercevions dans un horizon d’un demi-cercle, des feux d’incendies que les allemands avaient allumés dans les villages conquis. Tous les soirs à la nuit, il en sera de même au fur et à mesure de leur avance. Nous avons passé la nuit dans un de ces villages à la hauteur et à proximité de Nalinnes. » Le 23 août 1914 « Au point du jour, le 119 e régiment d’infanterie forme l’aile gauche du 3 e corps d’armée ; bien que les trois bataillons soient en ligne, la liaison reste précaire avec le 18 e corps d’armée. La 1 re compagnie, où se trouve mon camarade Fernand, est détachée au village de Fontenelle pour essayer de combler un vide existant. Ce n’est que vers 11 heures qu’on aperçoit les premiers 60 UNIFORMES | COLLECTION |