REVUE DE DÉTAILS COLLECTION L’uniforme des officiers de tirailleurs TEXTE ET PHOTOS : Hervé Humbert 1893-1914 A la veille de la Grande Guerre, les troupes d’Afrique constituent une composante essentielle de l’infanterie française. Les régiments de tirailleurs indigènes 1 dont le nombre a été porté de 4 à 9 en 1913, attirent, au même titre que les régiments de Zouaves ou de la Légion Etrangère de nombreux officiers. Outre la possibilité d’échapper à la routine de la vie de garnison en métropole, ils leurs permettent d’espérer des promotions plus rapides en s’illustrant dans le cadre des nombreuses opérations qui ponctuent cette période. Stationnés en Algérie et en Tunisie, leur tenue se doit d’incarner le prestige de l’Armée Française auprès des populations locales qui constituent l’essentiel du recrutement de la troupe. 1-Dénomination officielle de l’époque C’est donc cet uniforme, teinté d’orientalisme que nous nous proposons d’étudier dans le cadre de cet article. Nous nous limiterons à la tenue de sortie ou grande tenue des officiers français ; ne seront pas abordés dans cette étude les effets de campagne de même que les uniformes des officiers indigènes. La tunique A l’instar de toutes les subdivisions de l’infanterie, la tunique succède au dolman en 1893. Elle est en drap fin bleu ciel d’une nuance assez soutenue pour les premières confections qui deviendra de plus en plus claire au fil des années. Elle est doublée de drap satin de même nuance. Elle ferme dans un premier temps par 7 gros boutons dorés sans empreinte puis par 9 à partir de 1911. Ils sont d’un diamètre de 21 mm. On rencontre indifféremment des modèles demisphériques ou des boutons grelots. Le col est de couleur jonquille et comporte des pattes en drap du fond sur lesquelles est cousu le numéro du régiment de 18 à 20 mm de hauteur en cannetille dorée. Il ferme selon sa hauteur, règlementairement limitée à 60 mm mais parfois dépassée, par deux ou trois crochets métalliques. A l’intérieur, cinq boutons permettent d’y accrocher un faux col blanc. Le dos comporte des basques en forme d’accolade avec 6 boutons du modèle ci-dessus cousus sur chaque sommet. Une fente peut être pratiquée sur le côté gauche afin de permettre le passage de la bélière de sabre mais n’est pas observée systématiquement. Sur les manches sont cousus en fer de lance les galons en soutaches dorées de 5 à 6 mm de largeur. Elles se terminent par un parement en pointe. Des crevées sont pratiquées au dos de chaque manche sur Ce lieutenant du 2 e Tirailleurs (Mostaganem) qui s’est fait photographier à Mont de Marsan peut-être au cours d’une permission ou dans l’attente d’un départ pour l’Algérie à la suite d’une mutation, nous permet d’apprécier l’élégance de son uniforme à laquelle contribue le pantalon ample dit ‘’flottard » typique des troupes d’Afrique. Sa tunique est du modèle à 7 boutons, le sabre avec dragonne de grande tenue est du modèle 1882 commun à l’infanterie. une longueur de 21 à 26 cm, dans certains cas jusqu’à l’extrémité de la manche. Ces crevées sont garnies de soie rouge. Elles sont entourées d’un galon or à la soubise de 17 mm de large et ferment par des petits boutons grelots dont le nombre peut varier de 18 à 24. Dans la majorité des confections, le dernier bouton grelot est situé juste avant le parement qui se ferme par deux petits crochets métalliques. Dans des cas moins fréquents, les grelots sont cousus jusqu’à l’extrémité de la manche. La tunique ne comprend pas de brides d’épaulette, ni épaulettes. Pantalon et culotte La tunique se complète d’un pantalon droit garance à bande bleu clair. Mais on observe plus généralement, le port du pantalon ample dit ‘’flottard » resserré sur les chevilles qui apporte une touche orientale à la tenue. La largeur de la bande bleu ciel, fixée règlementairement à 50 mm, varie selon les tailleurs (et peut-être les demandes des officiers !). Sur les exemples examinés, les dimensions vont de 60 à 65 mm. Une poche est pratiquée de chaque côté, l’ouverture se situe à l’arrière de la bande. Des boutons et une agrafe assurent la fermeture sur le devant. Une martingale située à l’arrière permet de l’ajuster grâce à une boucle à double ardillon. Enfin, la culotte dont la partie inférieure se ferme par des petits boutons, se porte avec les bottes en cuir. Des jambières en drap peuvent lui être adjointes afin de simuler le port du pantalon. Le képi Défini en 1883, il verra sa forme évoluer passant d’une forme tronconique dans les années 1890 à une forme très haute et très évasée début 1900 puis s’abaissera progressivement pour aboutir aux petits képis dits ‘’Polo » vers 1914, suivant en cela la mode du moment. Son bandeau est bleu ciel, turban et calot garance. Galons et fausse jugulaire dorés de même que le numéro de corps ou la grenade brodés en cannetille. Il peut aussi comporter une jugulaire en cuir verni noir amovible à volonté, le port de cette dernière indiquant en effet que l’officier est en service. Il n’existe pas de képi de grande tenue avec attribut et plumet. 30 UNIFORMES | COLLECTION |