2012 Cheval de guerre de Steven Spielberg Accords et désaccords _Par Auréliano Tonet 64 hiver 2011 Haywire de Steven Soderbergh hiver printemps Réévalué par la critique mais lâché par l’industrie, JamesL. Brooks a signé avec Comment savoir l’un des plus beaux films de 2011. En marge du festival de La Roche-sur-Yon, qui lui rendait hommage, nous avons échangé avec l’Américain, passé maître en l’art du contretemps. Il y a un malentendu JamesL. Brooks, ou plutôt il y en a plusieurs. Le plus évident concerne la réception de ses films : de son premier long métrage, Tendres passions (1983), à Pour le pire et pour le meilleur (1997), Brooks fut le chouchou d’Hollywood, collectionnant les Oscars et les millions d’entrées, tandis que la critique, française notamment, faisait la fine bouche. À l’heure où celle-ci le redécouvre, lui ouvrant grand les pages des Cahiers du cinéma, et où ses disciples, de Judd Apatow à Wes Anderson (dont il produisit Bottle Rocket), sortent du bois, Brooks se retrouve, à 71 ans, au chômage. Après l’échec commercial des splendides Spanglish (2004) et Comment savoir (2011), Sony vient d’annoncer la suspension de son contrat. Un paradoxe raccord avec la filmographie du New-Yorkais, qui a fait du quiproquo l’une de ses constantes. Dilemmes, méprises et valses-hésitations s’y entrechassent sur un mode ternaire, à l’intersection des cercles amoureux, familiaux Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin John Carter d’Andrew Stanton Le Grand Soir de Benoît Delépine et Gustave Kervern et professionnels. Reconnaissons-le, il faut un certain temps pour s’habituer à l’outrance des personnages brooksiens, à leur gestuelle bancale, à leur phrasé braque et maladroit. « Pour décrire comment il avait réussi à écrire du point de vue d’un redneck, James Baldwin, un écrivain noir, disait : ‘‘Tout le monde, dans sa tête, pense être un héros. » J’essaie, de même, d’être le plus empathique possible avec mes personnages », confie le cinéaste d’une voix chaude et souriante. Et c’est peu dire que Brooks a mis beaucoup de lui-même dans ses comédies dramatiques. « Mes films ne sont pas autobiographiques, même si beaucoup d’éléments ont trait à mes jeunes années. Tout le monde dans ma famille avait le sens de l’humour, malgré l’adversité. Vivre une enfance difficile forge votre capacité d’introspection et, par là, votre plume. » Fils de modestes commerçants juifs, élevé par sa mère dans le New Jersey, Brooks n’a cessé – au cinéma comme à la télévision, où il a fait ses armes – de conter l’éternel pas de deux des familles américaines, scindées entre intégration et dislocation. Aux plaidoyers pour la défense des minorités, sexuelles (The Mary Tyler Moore Show, Pour le pire et pour le meilleur) ou ethniques (Room 222, Spanglish), répondent les foyers dysfonctionnels de Tendres passions, I’ll Do Anything ou des Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais Moonrise Kingdom de Wes Anderson 1. Comment savoir (2011) 2. Spanglish (2004) Sur la route de Walter Salles Wrong de Quentin Dupieux Sony Pictures Sony Pictures |