SPECTACLES CROWD OFF — : de Gisèle Vienne, du 25 au 28 septembre au Centre Pompidou (1 h 30) — En sortant de certains spectacles, on n’est plus tout à fait la même personne qu’en entrant dans la salle. Crowd est de ceux-ci. Nous immergeant pendant une heure trente dans une rave party hallucinogène, dont la chorégraphie saccadée se joue quasi intégralement au ralenti, la pièce nous laisse un peu hagard, un peu shooté, comme après une longue nuit sans sommeil. Sur le plateau recouvert de terre et jonché de déchets en tout genre, les quinze danseurs débarquent au compte-gouttes, chacun déjà campé dans le rôle que l’auteur Dennis Cooper – avec qui Gisèle Vienne poursuit une collaboration de longue date – a écrit spécialement pour eux. Cette partition théâtrale ne se lit qu’en sous-texte, il faut prêter attention aux petits détails, aux attitudes, mais aucune individualité ne se dissout dans le groupe rassemblé pour faire la fête comme on célébrerait un office religieux. Car il est bien question de sacré dans Crowd : pour la metteuse en scène, la fête est un espace spirituel. On y plonge avec des désirs d’expérience extrême, de transcendance et de transgression. Dans une société capitaliste où tout doit être productif, quoi de plus insolent que cette pure dépense d’énergie gratuite ? La fête est aussi un espace de résistance. Après la mort de SteveMaia Caniço à Nantes, le 21 juin dernier, la dimension politique de Crowd prend un goût amer. Si, en France, en 2019, il est possible d’aller en free party et de ne jamais en revenir, il ne faudra pas cesser de danser. AÏNHOA JEAN-CALMETTES ORESTE À MOSSOUL En prenant la direction du NTGent, le théâtre national de la ville flamande, Milo Rau s’était engagé à respecter dix règles, réunies dans un manifeste. Avec la neuvième, il se donnait comme objectif de créer au moins une pièce par an dans une zone de conflit. Le cycle éternel de la vengeance d’Oreste prendra donc l’Irak comme décor. Dans ce pays dévasté par une guerre fratricide, est-ce la tragédie qui éclaire l’actualité ou l’actualité qui donne sens à la tragédie ? A. J.-C. : de Milo Rau, du 10 au 14 septembre au Théâtre des Amandiers (Nanterre) (1 h 45) 96 Quoi de plus insolent que cette pure dépense d’énergie gratuite ? TRUST/SHAKESPEARE/ALLÉLUIA La nouvelle pièce du poète originaire du Congo est tout droit sortie d’un rêve, dit-il. Lorsqu’il s’est mis en tête de créer avec quinze artistes rencontrés au cours de divers ateliers de théâtre, c’est le mot « trust » qui lui est apparu. Comment avoir et faire confiance dans un présent aussi troublé ? À partir des réflexions de ces jeunes acteurs et des thèmes et motifs shakespeariens, Dieudonné Niangouna fait de la scène un espace où il est possible de penser demain. A. J.-C. : de Dieudonné Niangouna, du 21 au 28 septembre à la MC93 (Bobigny) (3 h) ESTELLE HANANIA |