ZOOM ZOOM VIENDRA LE FEU À JEANNE FILMS 76 — : d’Oliver Laxe, Pyramide (1 h 25), sortie le 4 septembre — sa sortie de prison, Amador retourne dans son village, situé dans les montagnes galiciennes. Alors qu’il avait été écroué pour avoir provoqué un incendie, il doit maintenant faire face aux médisances de certains villageois. Sa mère, très âgée, le prend sous son aile… Auréolé du Prix du jury Un certain regard à Cannes cette année, ce long métrage contemplatif et introspectif du jeune cinéaste franco-espagnol Oliver Laxe (Vous êtes tous des capitaines, Mimosas. La voie de l’Atlas) crée une fascinante symbiose entre ce héros taciturne, en voie de réinsertion mais cerné par son passé, et la nature sauvage dans laquelle il évolue – plus qu’un simple décor, elle se révèle le point névralgique du film, entre séquences apaisées au milieu des champs et caméra posée au milieu des arbres qui s’enflamment. En faisant la part belle au vide et au silence, Laxe construit toute une mythologie (ce que suggère le titre prophétique du film) : son héros revenant s’isole peu à peu des hommes et ses errances, qui s’étirent dans le récit, en font un personnage digne de ceux des grands romans d’aventures. JOSÉPHINE LEROY S’écartant — : de Bruno Dumont, Les Films du Losange (2 h 18), sortie le 11 septembre — du ton comique tordu de ses fictions les plus récentes (P’tit Quinquin, Ma Loute, et même Jeannette. L’enfance de Jeanne d’Arc, dont ce Jeanne est la suite), Bruno Dumont renoue avec plus de solennité et de mystère. Toujours avec la très jeune (11 ans) Lise Leplat Prudhomme (lire p.26), pour qui la guerre semble être un jeu d’enfants, le réalisateur reprend l’histoire de la combattante au moment où celle-ci délivre Orléans, avant de subir sa première défaite à Paris. Elle est alors livrée aux Anglais, et son procès pour sorcellerie s’ouvre à Rouen. Débutant par une longue séquence militaire qui saisit par son sens chorégraphique millimétré, le film s’attache ensuite aux plaidoiries du procès. La petite Jeanne paraît minuscule au milieu de l’enceinte monumentale de l’édifice religieux, mais tient tête aux hommes d’Église avec souffle et hardiesse. Au travers de ce déferlement de paroles ciselées saisi dans une continuité dialoguée inspirée par les écrits de Charles Péguy, et grâce à ses plans toujours habités et à la musique lancinante de Christophe, Dumont sait alors faire entendre la voix intérieure de Jeanne d’Arc. QUENTIN GROSSET |