LE MODÈLE NOIR OFF — : « Le Modèle noir. De Géricault à Matisse », jusqu’au 21 juillet au musée d’Orsay — Alors EXPOS Frédéric Bazille, Jeune Femme aux pivoines, 1870 que les Noirs ont longtemps été relégués aux marges de notre histoire de l’art, le musée d’Orsay veut remettre les pendules à l’heure avec une exposition essentielle, qui court de la Révolution française au début du xx e siècle. C’est comme un voile qui se lèverait devant le regard occidental. Dans le fier portrait de buste qui saisit le visiteur dès son entrée, la femme noire peinte par Marie-Guillemine Benoist en 1800 devient Madeleine. Plus loin, on découvre que cet homme noir que Théodore Géricault aimait à faire poser – dans Le Radeau de La Méduse (1818-1819) notamment, dont une étude est exposée – se prénommait Joseph et était un modèle apprécié des artistes de l’époque. Ou encore que la servante qui tend un large bouquet à l’Olympia de Manet s’appelait Laure. Ces personnages, trop souvent exotisés, retrouvent, pour certains, une partie de leur identité et de leur dignité. Le contexte, avec force repères historiques et culturels, est judicieusement explicité, nous rappelant l’idéologie dominatrice et raciste qui prévalait, mais aussi que des artistes ont su mettre leur art au service d’un militantisme abolitionniste. En témoigne une saisissante fresque de Marcel Antoine Verdier, Le Châtiment des quatre piquets dans les colonies (1843), qui dépeint, grandeur nature, une scène de torture d’un esclave. Cette riche exposition permet de découvrir aussi des choses moins connues, comme l’influence qu’un voyage d’Henri Matisse à Harlem, en 1930, va exercer sur son œuvre. Et pour achever de décoloniser votre regard, des ouvrages d’Aimé Césaire ou de James Baldwin sont disponibles à la vente à la sortie. MARIE FANTOZZI JEAN-CHARLES DE QUILLACQ Dans sa performance Le Remplaçant, l’artiste enchaîne avec des volontaires les rencontres dont la (courte) durée correspond au temps nécessaire au moulage de leur appendice nasal. Dans son exposition « Ma système reproductive », le nôtre est saisi par une forte odeur de gel douche parfum cuir et cookie. Disséminées au sol, des sculptures-membres évoquent un corps, source ou réceptacle de désirs et de sentiments autant que machine à (se) reproduire. ANNE-LOU VICENTE : jusqu’au 13 juillet au Bétonsalon – Centre d’art et de recherche 84 Ces personnages trop souvent exotisés retrouvent une partie de leur dignité. XAVIER ANTIN Xavier Antin poursuit sa réflexion et ses formes autour des processus de (re)production. Conçues à partir de vidéos numériques de la flore des parcs de Singapour, de grandes toiles imprimées à l’aide d’une imprimante à jet d’encre Epson trafiquée, telles des tapisseries, composent des paysages abstraits, opérant un transfert entre images en mouvement et images fixes, techniques de représentation modernes et archaïques. A.-L. V. : « Vanishing Workflows (des fleurs de Singapour) », jusqu’au 20 juillet à la galerie Crèvecœur COURTESY NATIONAL GALLERY OF ART, WASHINGTON, NGA IMAGES |