BOBINES Dans Le Daim, la nouvelle comédie horrifique de Quentin Dupieux montrée à la Quinzaine des réalisateurs, Jean Dujardin incarne Georges, un sérieux allumé qui tombe amoureux de son blouson en daim. Une passion qui va lentement vriller vers l’obsession, avant de carrément virer à la folie. L’occasion de discuter avec l’acteur de son goût pour la comédie qui, comme son déroutant personnage, ne fait pas de quartier. INTERVIEW EN SOLITAIRE Quel était votre lien avec Quentin Dupieux avant de tourner avec lui ? Je pressentais qu’on avait des points communs : le silence qui précède une vanne me fait parfois plus rire que la vanne elle-même. Je pensais qu’on pouvait se retrouver là-dessus. Lui et moi, on a ce goût de l’arythmie. Dans ses films, il y a aussi ces passages sur des mecs seuls qui me plaisent bien. C’est rare, à l’heure où tous les vides sont forcément comblés. Et puis Quentin a aussi cet art d’aller à l’essentiel. Aucune complaisance : il tranche vif, une heure vingt, à l’os. Balèze. Qu’est-ce qui vous a plu dans cette histoire pas banale d’un type qui phase complètement sur un blouson en daim ? C’est presque un suicide, ce film. Georges ne vit pas une régression infantile, il en est 36 presque au stade animal. Sur le plateau, je demandais à Quentin : « Quand est-ce que ça va s’arrêter ? Quand j’irai laper dans le ruisseau ? » Et lui, il me répondait : « Ah, bonne idée. » Comme une plume au vent, le personnage se laisse porter par son obsession pour son blouson, qui est tout naze, qui a une allure pas possible, qui est au-delà du ridicule. J’en ai essayé cinq avant de choisir celui-là, qui était trop court, avec des sales franges. D’ailleurs, ce n’est pas du daim, mais du velours de chèvre. D’aucuns disent que le rôle, c’est avant tout le costume. Vous êtes d’accord ? Beaucoup pensent que ça peut être une béquille, mais ça peut tout aussi bien vous enfermer. On risque de trop le jouer, le costume. Je pense qu’en tant qu’acteur, dès qu’on est un peu perdu, il faut revenir à l’intention du personnage, aussi absurde soit-elle. Là, j’étais dans un truc de démence interne, sans non plus trop insister dessus, parce qu’il n’y a rien de plus chiant que ceux qui surjouent la folie. Je voulais juste m’éteindre. Je me suis beaucoup reposé sur |