LE MONDE ET SES DOUBLES Mais qui est ce jeune homme indien qui traverse le légendaire passage piétons d’Abbey Road ? Dans Yesterday de Danny Boyle, une gigantesque tempête électrique brise le continuum espace-temps de la Terre. Celle-ci et tous ses habitants se retrouvent projetés dans un univers parallèle dans lequel personne n’a jamais entendu parler des Beatles. Jack, un quidam de Lowestoft, chanteur sans grand talent, est le seul à se souvenir de leur répertoire. Il s’épanouit dans cette autre réalité qui fera de lui une star. Magnifiquement interprété par J. K. Simmons, le personnage de Howard Silk vivra de manière beaucoup plus anxieuse sa découverte d’un univers bis, rattaché au sien par une fenêtre spatio-temporelle. La série Counterpart (2017-2019) présente deux réalités qui ressemblent étrangement à celles du Berlin coupé en deux par le mur de la guerre froide. Le multivers permet aux scénaristes de revisiter les codes du cinéma d’espionnage à l’heure de Donald Trump, des montées des nationalismes et du Brexit, quand le monde semble se scinder en clans irréconciliables. To Be or Not to Be d’Ernst Lubitsch (1942) est peut-être le film qui exploite le plus brillamment le potentiel comique et décalé de l’univers parallèle lors d’une scène d’ouverture totalement inoubliable. En pleine terreur nazie, un Hitler parfaitement serein se promène dans une ville polonaise dévastée par les bombardements. Comment cette réalité est-elle envisageable ? Pas besoin d’évoquer la physique quantique ou les lois de la relativité générale ; la comédie, souveraine, est par essence l’art des dédoublements. CHARLES BOSSON — : « Yesterday » de Danny Boyle,Universal Pictures (1 h 56), sortie le 3 juillet — TROIS IMAGES Avec Yesterday, le cinéaste britannique Danny Boyle (Trainspotting) explore sur le ton de la comédie un univers parallèle où l’on a oublié les Beatles. Lorsqu’affleurent les nationalismes et les crises écologiques, il n’est pas rare que le monde se fissure. POPCORN 20 D. R. D. R. |