ZOOM ZOOM BÊTES BLONDES Présenté FILMS LES ÉTENDUES IMAGINAIRES 80 — : de Maxime Matray et Alexia Walther UFO (1 h 42) Sortie le 6 mars — à la Semaine de la critique à Venise, ce premier long métrage y a remporté le Prix du film le plus innovant. Alexia Walther et Maxime Matray signent un road movie maboul et macabre qui nous fait voyager sur le chemin le moins balisé qui soit : celui du rêve, du non-sens, de l’hallucination. Dès la première scène, le spectateur est aussi désorienté que le héros : Fabien, ex-star de sitcom en proie à des pertes de mémoire, se réveille au milieu d’une forêt. Il y croise un garçon qui trimballe dans son sac la tête de son défunt amant. Au gré des péripéties de ce film-kamoulox, Fabien se retrouvera aux prises avec diverses créatures (des hommes-chats, une grenouille, beaucoup de saumon fumé…) et substances (de la boue, du poppers, beaucoup d’alcool…). L’ahuri Fabien (génial Thomas Scimeca) rappelle les gros bêtas qu’affectionne Quentin Dupieux. On pense aussi aux grosses bêtes qui peuplent le cinéma de Bertrand Mandico. Mais au-delà de l’humour et des trouvailles visuelles, il est ici surtout question de deuil et de culpabilité. Finalement, une vraie humanité se niche au cœur de ces bêtes blondes. JULIEN DOKHAN Le — : de Yeo Siew Hua Épicentre Films (1 h 35) Sortie le 6 mars — jeune Singapourien Yeo Siew Hua a décroché le Léopard d’or à Locarno en 2018 avec ce thriller politique et onirique qui aime cultiver les fausses pistes. À Singapour, un tandem de policiers mène l’enquête sur un chantier d’aménagement du littoral après la mystérieuse disparition de plusieurs ouvriers. En remontant le cours des événements, ils creusent l’histoire d’un des disparus, Wang… et nous voilà plongés dans la reconstitution de la vie de celui-ci, sans savoir s’il s’agit d’un flash-back ou du fruit de l’imagination des enquêteurs. Télescopant avec talent les différents points de vue et temporalités, le cinéaste fait décoller son alarmant récit, qui explore la terrible condition des travailleurs immigrés pauvres dans la fourmillante cité-État de Singapour, vers des contrées plus vaporeuses. À mesure que se tisse la toile complexe de l’enquête se dessinent les liens entre les protagonistes, donnant là aussi lieu à de sublimes moments suspendus, comme lorsqu’un ouvrier bangladais, devenu ami avec Wang, lui masse doucement la nuque pour le délester un instant de l’insoutenable poids de sa réalité. TIMÉ ZOPPÉ |