ZOOM ZOOM VICE Après AMAL FILMS 76 — : d’Adam McKay Mars Films (2 h 12) Sortie le 13 février — The Big Short. Le casse du siècle, incursion en bande organisée dans les arcanes de Wall Street à la veille de la crise financière de 2008, l’Américain Adam McKay se penche sur l’histoire peu connue de Dick Cheney, vice-président de George W. Bush entre 2001 et 2009. C’est l’impressionnant Christian Bale qui incarne celui qui fût le discret marionnettiste de la politique américaine. Dans ce biopic fourmillant teinté d’un humour acerbe, McKay n’hésite pas à faire exploser le quatrième mur et vulgarise avec verve les montages politiques complexes qui ont permis à ce faux inoffensif de tirer les ficelles du pouvoir, souvent pour le pire – le film défend l’hypothèse que, durant la guerre d’Irak en 2003, il a favorisé en sous-main une multinationale du pétrole dont il avait été le PDG. Parallèlement à ces procédés cyniques, on s’étonne d’être ému par le parcours d’un homme qui, plus jeune, était plus intéressé par la gnôle que par la politique, puis qui, repêché par une ambitieuse épouse (brillante Amy Adams), a accepté ce destin. Ni complaisant ni complotiste, le film rend cette période de l’histoire américaine passionnante. JOSÉPHINE LEROY Le — : de MohamedSiam Juste (1 h 23) Sortie le 20 février — « printemps arabe » est passé et la révolution a été bravement menée. La jeune Amal, une forte tête qui aime invectiver la police, y a perdu son petit ami. Sa colère, partagée avec celle d’un peuple prêt à tout enflammer pour faire valoir ses droits, est le point de départ de ce passionnant documentaire de MohamedSiam. Retraçant l’évolution du pays, de sa fièvre post-Tahrir à sa situation actuelle, par l’entremise d’un portrait au long cours (six ans de tournage en plus d’archives vidéo d’Amal enfant), le documentariste explore les paradoxes d’une Égypte divisée par son appétence pour le désordre et l’autoritarisme. Ainsi, la trajectoire personnelle d’Amal – passée des rangs des révoltés à ceux des forces de l’ordre – reflète autant cette dichotomie collective qu’elle est le résultat d’une profonde désillusion. Malgré cette impossibilité d’entretenir la flamme révolutionnaire, la jeune femme continuera pourtant de tenir tête aux instances d’un pouvoir encore plus pernicieux : celui du patriarcat. C’est que sa résignation politique cache la persistance d’une assurance féministe qu’aucun drame familial, aucune révolution sociale, aucun régime religieux ou militaire n’aura réussi à altérer. CORENTIN LÊ |