Trois Couleurs n°167 fév/mar 2019
Trois Couleurs n°167 fév/mar 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°167 de fév/mar 2019

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : MK2 Agency

  • Format : (170 x 285) mm

  • Nombre de pages : 120

  • Taille du fichier PDF : 15,2 Mo

  • Dans ce numéro : les éternels...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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ZOOM ZOOM LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE UN GRAND VOYAGE VERS LA NUIT Après Kaili Blues, récompensé à Locarno en 2015, le deuxième film de Bi Gan a fait sensation à Cannes, notamment grâce à son plan-séquence de près d’une heure en 3D. Mais Un grand voyage vers la nuit dépasse largement le simple tour de force technique. Avec ce stupéfiant polar onirique, le cinéaste chinois se pose en héritier crédible d’envoûteurs tels qu’Apichatpong Weerasethakul, Wong Kar-wai ou David Lynch. Le jour de sa sortie en Chine, Un grand voyage vers la nuit a remporté 38 millions de dollars, dépassant ainsi le blockbuster américain Venom. Un exploit qui n’a pas tardé à susciter des réactions hostiles de la part des spectateurs – la plupart d’entre eux s’étaient fait duper par une campagne marketing qui promettait une petite comédie romantique. L’anecdote a de quoi faire sourire tant le deuxième film de Bi Gan n’a rien de la bluette standard. Le cinéma du jeune prodige de 29 ans impose un rythme volontiers déroutant. La narration refuse la linéarité, le temps a tendance à se dilater sans coupe de montage, ou à s’abolir en ellipses, les scènes s’écoulent et s’enchevêtrent les unes dans les autres, avec leur logique interne, fluide et organique, pour former l’équivalent audiovisuel d’un flux de conscience. C’était déjà le cas dans Kaili Blues, qui suivait l’itinéraire halluciné d’un poète raté. Cette fois, on épouse les pensées mélancoliques d’un homme de retour dans sa ville natale, obsédé par une femme en robe de satin vert. S’il n’est pas
poète – Luo est tueur à gage –, il s’exprime lui aussi en fin lettré, par le biais d’une voix off à la musicalité mystérieuse. Ses souvenirs se mélangent à ce qu’il vit, à ce qu’il perçoit, et vice versa. « Était-ce la dernière fois que je l’avais vue ? La mémoire humaine se rouille », médite ainsi Luo, tandis qu’à l’écran défilent des décors en ruine en de langoureux travellings. C’est dans cette atmosphère de fin du monde aqueuse, proche du spleen d’un Wong Kar-wai, que le film s’engouffre de l’autre côté du miroir, en 3D. Le cinéaste scinde ainsi son film en deux parties à la façon d’un David Lynch ou d’un Apichatpong Weerasethakul. Après avoir creusé la profondeur de champ dans le premier mouvement en 2D, Bi Gan orchestre une plongée vertigineuse dans l’inconscient de son héros, un trip liquide en plan-séquence et en relief, aérien et éclairé aux néons, où les rêves surgissent de l’écran tels des feux de Bengale, éphémères et presque palpables, tandis que les signes, jusqu’alors nébuleux, trouvent leur sens dans la sensualité. ÉRIC VERNAY FILMS 57 3 QUESTIONS À BI GAN PAR J. R. Après le bon accueil international fait à Kaili Blues, a-t-il été facile de produire et de financer ce deuxième long métrage ? En fait non, ça n’a rien à voir avec le succès du premier film, malheureusement… Même si aujourd’hui la Chine soutient beaucoup de jeunes artistes, seuls ceux qui sont de bons produits, attirants et séduisants, obtiennent des aides financières. Le film est très impressionnant de maîtrise formelle. Vous n’avez pas fait d’école de cinéma, vous avez appris seul ? J’ai fait une école de télévision pas très connue. D’ailleurs, un de mes professeurs, qui avait vu mes courts métrages, n’arrêtait pas d’insister pour que je fasse du cinéma. Il a même pris l’avion pour aller le dire à ma mère, à Kaili. Mais je ne suis pas les conseils de telle ou telle personne, je fais à ma façon pour aboutir au film que j’ai en tête. Personnellement, je pense que je ne suis pas encore mûr artistiquement. Ce n’est pas de la fausse modestie  : quand on veut être le meilleur, il faut se considérer comme un amateur pour s’améliorer tous les jours. Votre usage de la 3D est spectaculaire et inédit. Vous étiez frustré de la manière dont le cinéma l’utilise généralement ? Non, je ne regarde pas trop les films en 3D. Et même si j’ai passé beaucoup de temps à faire des essais pour maîtriser cette technique, je ne pense pas que je referai un film en 3D. Elle correspond juste bien à ce que je voulais pour ce film, à savoir évoquer la beauté, la poésie et l’ambiance que provoquent les souvenirs. —  : de Bi Gan Bac Films (2 h 18) Sortie le 30 janvier — D. R.



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