BOBINES Épisode 3 pouce devant ses victimes. Ce genre d’activité que nous nous sommes résignés à appeler « cinéma » (celui des vedettes, des laboratoires et des fonds de coproduction) n’est qu’un gros appareil bureaucratique auquel les vrais cinéastes ont l’obligation de s’opposer. Parmi les nombreuses références du film, plusieurs se rapportent à Tintin. Qu’est-ce que vous aimez dans la manière de raconter d’Hergé ? C’est sa façon de dessiner qui nous a influencés. Godard dit que Hitchcock est le plus grand créateur de formes du xx e siècle : je pense qu’on pourrait dire la même chose d’Hergé. Sa limpidité ainsi que son traitement de la couleur, de la ligne, de la synthèse dans le cadre font que j’ai beaucoup d’admiration pour lui. L’aspect ludique du film repose aussi sur le fait qu’en tant que spectateur on cherche à trouver des échos entre les différentes histoires qui nous sont contées. Conseilleriez-vous d’en chercher ou bien de ne rien projeter ? C’est vrai qu’aujourd’hui les spectateurs aiment regarder un film en essayant d’y trouver des liens cachés. Je ne pense pas que ce soit pratique dans le cas de La flor. C’est un film où les choses se passent de façon capricieuse, sans qu’il y ait un sens ultime à l’ensemble. Je conseillerais aux spectateurs de se laisser emporter comme s’ils étaient à la dérive, au milieu d’un fleuve. INTERVIEW « C’est un film où les choses se passent de façon capricieuse. » 48 De quelle manière avez-vous pensé la diffusion du film, qui sort en France en quatre parties étalées sur le mois de mars ? On a fait presque quinze films avec notre collectif d’artistes, El Pampero Cine [qui trouve des méthodes de production alternatives, comme pour La flor, qui a été financé hors de l’industrie, sans budget prévisionnel ni plan de travail, et se tournait seulement lorsque les différents collaborateurs étaient disponibles,ndlr], et c’est la première fois que l’un d’eux a été acheté par un distributeur, le Français ARP Sélection. C’est miraculeux. Mais c’est cette distribution classique qui sera pour nous expérimentale. Je crois que la sortie conventionnelle donne beaucoup d’importance au premier jour. Pour nous, ce n’est pas du tout essentiel. Notre idée, c’est plus qu’on se souvienne de ce film dans des années, qu’il soit visible longtemps et par tout le monde. Que faire après un tel film qui contient (presque) tout le cinéma ? Je crois que La flor manque de scènes de cheval. Vous ne trouvez pas ? Il faut trouver une solution. PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET — : « La flor » de Mariano Llinás ARP Sélection (13 h 34) Sortie en quatre parties les 6, 13, 20 et 27 mars — |