ZOOM ZOOM FILMS THE FRONT RUNNER Grand LES FAUVES III — : de Jason Reitman Sony Pictures (1 h 52) Sortie le 16 janvier — favori pour devenir candidat du Parti démocrate à l’élection présidentielle américaine de 1988 (et affronter George Bush père), Gary Hart avait tout du prétendant idéal : programme progressiste, envergure intellectuelle, popularité auprès des jeunes. Mais c’était sans compter sur des révélations autour de sa vie privée qui stoppèrent brutalement l’ascension de ce brillant sénateur. Jason Reitman se concentre ici sur les trois semaines durant lesquelles la campagne de Hart (incarné par le charismatique Hugh Jackman) vira au cauchemar. Le cinéaste raconte, à la manière d’un film policier, combien ce moment fit définitivement basculer l’histoire médiatique américaine – le journalisme politique et la presse à scandale fusionnaient en effet pour la première fois, et ce funeste mariage rendit les débats d’idées inaudibles. L’audace de ce biopic est pourtant de laisser les spectateurs tirer des conclusions par eux-mêmes. Le personnage a-t-il juste péché par naïveté et excès de confiance ? La presse a-t-elle vraiment intérêt à privilégier un traitement sensationnaliste de l’actualité ? Autant de questions qui restent d’une brûlante acuité. DAMIEN LEBLANC Après — : de Vincent Mariette Diaphana (1 h 23) Sortie le 23 janvier — la comédie décalée et mélancolique Tristesse club (2014), Vincent Mariette prend un nouveau tournant avec ce thriller à la lisière du fantastique. Il installe son récit dans un camping en Dordogne, au plus fort de l’été. Laura (Lily-Rose Depp), 17 ans, goûte peu aux soirées arrosées qu’elle observe avec distance. Un matin, elle apprend qu’un garçon qu’elle a repoussé la veille s’est évaporé. Cette disparition coïncide étrangement avec le témoignage de campeurs qui ont entendu des rugissements… Laura repère alors un écrivain taciturne et énigmatique (surprenant Laurent Lafitte). Séduite, elle se rapproche de lui, et tous deux partent en quête du mystérieux animal. Imprégné dans sa mise en scène par l’imagerie sauvage du fauve (des yeux rouges qui percent la nuit, des sons animaliers…), le film noctambule de Mariette lorgne du côté de Roman Polanski, faisant surgir de la psyché de ses héros une fascinante attirance pour le mal. Sans jouer à outrance sur son potentiel sulfureux, il restitue superbement les fantasmes qui peuvent germer dans la tête d’adolescents désirant échapper à la réalité. JOSÉPHINE LEROY 94 |