ZOOM ZOOM IN MY ROOM Dans lai MALLÉ EN SON EXIL FILMS 92 — : d’Ulrich Köhler Nour Films (2 h) Sortie le 9 janvier — une Allemagne grisâtre, Armin, la quarantaine, n’a pas trop d’horizon entre ses échecs sentimentaux, ses problèmes professionnels et sa grand-mère mourante. Il se réveille un jour, et l’humanité a inexplicablement disparu… Pour son quatrième long métrage, Ulrich Köhler, représentant, avec Angela Shanelec ou Christian Petzold, de la nouvelle vague du cinéma allemand dans les années 2000, surprend dans un registre où l’on ne l’attendait pas : le film postapocalyptique, embrassé sur un versant plutôt intimiste. Autant Armin était molasson avant que ses congénères ne se volatilisent, autant il se révèle un ardent Robinson une fois seul avec des animaux. Dans une nature apaisante, Armin chasse, cueille, traîne… Bientôt, il est rejoint par Kirsi, la dernière femme sur la terre, avec qui il entame une relation mais qui voudrait partir voir du pays. C’est peut-être à cet endroit que ce film sensoriel paraît le plus intéressant. Imaginant la fin de l’humanité, il pose une question existentielle inextricable : à deux sur cette planète, doit-on forcément rester ensemble ? Mieux vaut-il être seul, ou rester avec quelqu’un par défaut ? QUENTIN GROSSET Un — : de Denis Gheerbrant Les Films d’Ici (1 h 46) Sortie le 16 janvier — exilé doit-il se soumettre à l’acculturation ? C’est la question posée par le portrait de Mallé Doucara, Malien travaillant en France, que dresse Denis Gheerbrant (La République Marseille, 2009 ; On a grèvé, 2014). Dans ce documentaire épuré, le cinéaste a filmé cette personnalité toujours attachée aux us et coutumes de sa terre d’origine : la foi musulmane, le poids de la tradition, de la hiérarchie, ou encore la polygamie. Afin que sa démarche sociologique (composée de séquences d’observation et d’entretiens en tête à tête) soit la plus complète possible, le documentariste s’est risqué à multiplier les points d’accroche, entre ethnocentrisme, relativisme et légitimité culturelle, laissant entrevoir les discordances intimes de son sujet. C’est que, parfaitement au fait de la confrontation culturelle qui se joue en sous-texte de leurs échanges, Gheerbrant ne sombre jamais dans la complaisance ni ne prive de parole son interlocuteur pour le moins tenace, au risque d’ailleurs que ce dernier finisse par remettre en question le fondement même de sa démarche. CORENTIN LÊ |