ZOOM ZOOM FILMS QUI A TUÉ LADY WINSLEY ? — : de Hiner Saleem Après 88 Memento Films (1 h 30) Sortie le 2 janvier — le western My Sweet Pepper Land en 2013, le cinéaste irakien d’origine kurde Hiner Saleem transpose les codes du polar à l’américaine dans un village turc. Le flegmatique inspecteur Fergan débarque d’Istanbul sur une petite île pour enquêter sur l’assassinat de Lady Winsley, une romancière américaine qui s’était installée là pour rédiger son nouveau roman et qui suscitait la fascination des locaux. Très vite, chacun devient un potentiel suspect : l’influente famille Birol, l’effrontée tenancière de l’hôtel qui s’immisce dans l’enquête, des policiers aux méthodes douteuses… S’inspirant d’Alfred Hitchcock, d’Agatha Christie ou encore de l’esthétique colorée du cinéma hollywoodien des fifties, le cinéaste construit une enquête foncièrement moderne et politique. En supplantant la résolution du crime initial, la mise au jour des tabous (tel que l’adultère) de cette communauté insulaire repliée sur elle-même et des fantômes du conflit kurde (le cinéaste a lui-même dû fuir le Kurdistan irakien à 17 ans) fait de cette comédie policière la satire d’une société turque figurée à échelle réduite. HILÀRIO MATIAS DA COSTA UNDERCOVER. UNE HISTOIRE VRAIE Après — : de YannDemange Sony Pictures (1 h 51) Sortie le 2 janvier —’71 (2014), impressionnant film de guerre (civile) dans le sanglant Belfast du début des années 1970, la nouvelle réalisation de YannDemange prend place dans le Detroit criminel des années 1980. On y suit l’histoire (vraie) de Richard Wershe Jr., adolescent surnommé White Boy Rick, qui fut informateur du FBI. en pleine lutte contre l’épidémie de crack avant de devenir lui-même trafiquant de drogue. Le récit accumule énergiquement plusieurs éléments dignes d’une tragédie grecque : rapports tumultueux avec un père issu de la classe ouvrière qui combat la pauvreté à coups de magouilles, pacte faustien passé avec des autorités corrompues, trahisons en tous genres, portraits de communautés en proie au déterminisme et à la fatalité… L’originalité de ce thriller noir est d’adopter un point de vue empathique sur son héros : arrêté à l’âge de 17 ans et condamné à la prison à perpétuité, Richard Wershe Jr. s’apprête à être libéré en 2020 et a raconté son histoire au réalisateur. Lequel imprègne le film d’une mélancolie désespérée qui lui permet de traiter la violence sociale avec réalisme et gravité. DAMIEN LEBLANC |