ZOOM ZOOM L’acteur américain Paul Dano (Little Miss Sunshine, There Will Be Blood) signe une première réalisation aux crépitements multiples. Du souffle et du soufre. « We need a forest fire », implore Bon Iver, sur un morceau langoureux de James Blake. Un feu de forêt qui se répandrait, sauvage, et réveillerait une primitivité cadenassée. Propret père de famille dans le Montana des sixties, Jerry (Jake Gyllenhaal, dont le tracé indé est décidément remarquable) part combattre les feux de forêt qui ravagent la région, quittant temporairement femme et enfant. Comme pour se mesurer à une force inconnue, et retrouver un peu de ce feu qui animait ses yeux maintenant éteints par le mépris des hommes. Si sa femme (Carey Mulligan), affirmée et solaire, semble d’abord se libérer des carcans à la suite du FILMS WILDLIFE. UNE SAISON ARDENTE Un film d’époque pour vos débuts de réalisateur, c’est ambitieux. Oui, surtout avec un budget de film indépendant ! Mais j’avais envie de questionner aujourd’hui l’idée du rêve américain qui se dégage des années 1950, cette injonction à être heureux. Et faire le portrait d’une famille, avec ses failles, d’un couple en crise, ça me semble intemporel. 74 départ de son mari, elle s’embourbe vite dans une existence déçue. C’est Joe, ado taiseux et sensible, qui radiographie le parcours décousu du couple et prend un envol aussi précoce que poétique face au déclin du modèle parental. Coïncidence, il joue les apprentis photographes après l’école et réalise des portraits de l’Amérique d’alors dans lesquels s’expriment les espoirs de ses modèles. Difficile de ne pas voir Paul Dano dans les yeux doux et rêveurs de Joe, dont chaque clignement est une nouvelle peinture parfaite de l’époque. « I request another dream », poursuit Bon Iver en une plainte. En attendant l’embrasement ? LAURA PERTUY — : de Paul Dano ARP Sélection (1 h 45) Sortie le 19 décembre — 3 QUESTIONS À PAUL DANO PAR J. R. 00 L’histoire est vue du point de vue du fils adolescent. Pourquoi ? Parce que je me souviens de cette sensation, ado, quand les choses commencent à changer autour de vous mais que vous essayez de les ignorer car vous avez peur. C’est un gamin honnête, plein d’empathie, placé dans une situation chaotique. Mais le film suit le parcours initiatique des trois personnages. Qu’avez-vous appris auprès des cinéastes qui vous ont dirigé ? De mes tournages avec Paul Thomas Anderson notamment, j’ai appris à faire confiance à l’équipe, à l’impliquer dans les décisions, pour créer une atmosphère bienveillante pour les acteurs. Et une approche honnête : ne pas déplacer la camera si ça n’a pas de sens, raconter par la composition du cadre. |