GRAYSON PERRY OFF — : « Vanité, Identité, Sexualité » jusqu’au 3 février à la Monnaie de Paris — Lauréat EXPOS Grayson Perry, 2017 t)01 ! du prestigieux Turner Prize en 2003 et figure extrêmement populaire en Angleterre, l’artiste et travesti Grayson Perry n’avait jamais eu les honneurs d’une grande monographie en France. Voilà chose faite avec cette exposition qui se joue de tous les tabous. Arborant froufrous et robes extravagantes, Grayson Perry revêt en public l’identité de Claire, son alter ego féminin. Enfant de la classe ouvrière britannique, cet apôtre du camp milite pour une déconstruction de l’identité masculine, en opposition aux normes établies. Commencée dans les années 1980, son œuvre hétéroclite entend notamment réhabiliter des formes artisanales, longtemps méprisées par le monde de l’art contemporain. Vases en émail, sculptures en céramique, médailles et autres bibelots sont ici détournés de leur fonction décorative pour devenir les supports d’illustrations qui tournent en dérision le conservatisme de la société britannique. À y regarder de plus près, leur kitsch apparent interroge des sujets brûlants : violence, sexe, guerre, spiritualité. Dans sa seconde moitié, l’exposition présente une série de tapisseries, « symbole traditionnel de la réussite sociale […] pour représenter un drame courant, celui de la mobilité sociale », comme l’indique l’artiste dans le dossier de presse. La satire et la provocation font office de refouloir à la barbarie ordinaire et à la lutte des classes qui secoue l’Angleterre post-Brexit. Cerise sur le pudding, un cycle de tables rondes vient compléter cette exposition haute en couleur. Jamais la notion d’identité sexuelle et de normalisation des mœurs n’aura été remise en cause avec tant de panache. JULIEN BÉCOURT ANA MENDIETA Disparue en 1985, l’artiste cubano-américaine a réalisé une centaine de films entre 1971 et 1981 dans lesquels elle se confronte aux éléments naturels, dans un rapport quasi fusionnel. Convoquant rituels et autres traditions ancestrales, on la voit recouverte de terre, d’herbe ou de pierres, immergée dans le flux incessant d’une rivière, la silhouette recréée en poudre d’artifice embrasée, ou dessinant avec son sang… Le corps est, directement ou symboliquement, mis à l’épreuve et à l’échelle du temps et de l’histoire. ANNE-LOU VICENTE : jusqu’au 27 janvier au Jeu de Paume 108 J tel Cet apôtre du camp milite pour une déconstruction de l’identité masculine. BÉATRICE BALCOU Le travail de Béatrice Balcou met en perspective et en abyme les conditions de (re)production, de représentation, d’exposition et de réception de l’œuvre d’art. Cette exposition est l’occasion de découvrir ses répliques en bois « placebos » d’œuvres existantes, ou encore d’assister à l’une de ses « Cérémonies », au cours desquelles elle manipule avec soin et dévoile une pièce empruntée à une collection. Ou comment voir les œuvres sous un nouveau jour et prendre (enfin) le temps de les regarder avec attention. A.-L. V. : jusqu’au 10 février à La Ferme du Buisson (Noisiel) RICHARD ANSETT |