BOBINES Plusieurs films se demandent quoi faire de cette mémoire. en janvier 2016, les débats au sein de la commission de classification du CNC auraient été vifs au sujet du documentaire Salafistes de François Margolin et Lemine Ould Salem (qui montre, sans commentaire, des vidéos de propagande djihadiste et des entretiens réalisés au Mali, en Irak, en Tunisie, en Algérie ou en Mauritanie avec des figures d’AQMI ou des autorités religieuses salafistes), certains des membres de l’instance préconisant de ne pas lui octroyer de visa d’exploitation au motif que ce film faisait l’apologie du terrorisme – il est finalement sorti en salles, avec des coupes, mais a été interdit aux moins de 18 ans. Lemine Ould Salem faisait lui-même part de ses questionnements sur la justesse de son regard à Libération : « Chaque jour je me suis posé cette question. Je suis trop près d’eux, je me brûle. Je suis trop loin, je suis froid. Je me suis aussi dit à un moment qu’ils EN COUVERTURE 13 novembre. Fluctuat nec mergitur de Gédéon Naudet et Jules Naudet (2018) 34 Paris est une fête de Sylvain George (2017) ne me laisseraient pas ressortir… » Cette problématique glaçante, vertigineuse, de la distance à adopter s’agissant d’un film qui met en scène des terroristes était déjà contenue dans la fiction La Désintégration (2011) de Philippe Faucon. Le réalisateur, en ne diabolisant jamais ses personnages, se penchait sur les rouages sociaux qui pouvaient mener des jeunes issus de quartiers défavorisés au fondamentalisme. Expliquer, est-ce excuser ? « Le terrorisme, en général dans les films, c’est quelque chose dont on ne décrit pas les raisons. On a l’impression que les gens sont mauvais ou pervers par NETFLIX |