BOBINES Isaure Multrier et Vincent Lacoste EN COUVERTURE « J’ai l’impression que, sur un sujet aussi pesant et lourd, ces déambulations amènent une sorte de souffle. » Que vous évoque la lumière d’été qui éclaire souvent les drames de vos personnages ? Paradoxalement, j’ai l’impression que l’été, avec ses tons bleu profond, a quelque chose de déchirant. Il y a cette ambivalence de la saison qui est porteuse de lumière, d’espoir, mais où malgré tout la solitude est d’autant plus présente, plus prégnante. Comme on tourne en pellicule, on obtient quelque chose de chaleureux, d’imparfait, avec des couleurs qu’on n’a plus l’habitude de voir. Pour Amanda, on voulait que le rendu soit le plus lumineux possible. David annonce à Amanda la mort de sa mère dans un square. Vous placez souvent vos personnages dans les lieux les plus apaisés, et un peu en retrait, des grandes villes – parcs, balcons, terrasses… C’est vrai que j’ai toujours besoin de prendre de la hauteur, de chercher une forme d’isolement, de rester dans la ville et du même coup de ne pas y être complètement, comme si on pouvait toucher l’essence des choses par ce recul plutôt qu’en restant dans l’œil du cyclone. Vous filmez beaucoup de balades sans dialogue, des promenades à vélo… Le motif 30 de l’errance revient souvent dans vos films. Qu’est-ce que vous aimez dans ces temps de pause ? C’est purement pictural : j’adore tourner en extérieur, capturer des lieux en mouvement, embrasser plein de perspectives, plein d’aspects du paysage dans un même plan. Et j’ai l’impression que, sur un sujet aussi pesant et lourd, ces déambulations amènent une sorte de souffle, de respiration. Et j’ai à cœur qu’on regarde mes films comme on écoute une chanson. J’aime que ce soit sensoriel, qu’on puisse se lover dans une ambiance ou une atmosphère. Pour moi, les scènes où David roule à vélo donnent la mélodie du film. Ce sont des passages moins scénarisés parce que je suis attaché à l’idée qu’un film, à l’image de la vie, ne soit pas seulement constitué de temps forts. PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET ET JOSÉPHINE LEROY — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA — : « Amanda » de Mikhaël Hers Pyramide (1 h 47) Sortie le 21 novembre — |