Trois Couleurs n°165 décembre 2018
Trois Couleurs n°165 décembre 2018
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°165 de décembre 2018

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : MK2 Agency

  • Format : (170 x 285) mm

  • Nombre de pages : 116

  • Taille du fichier PDF : 16,4 Mo

  • Dans ce numéro : Amanda...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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BOBINES Vincent Lacoste et Isaure Multrier c’étaient les séquences d’émotion  : ça lui faisait peur d’être confrontée à ça. Après, j’ai beaucoup parlé avec elle, j’ai essayé de ne pas la prendre en défaut, d’être le plus honnête possible, et puis de la mettre dans une atmosphère bienveillante. À un moment, la fillette refuse de jeter les affaires de toilette de sa mère disparue. Que révèle cette scène ? Il me semble que les enfants sont très attachés à ce genre de choses. C’est comme s’ils ressuscitaient l’être aimé grâce aux objets. C’est un peu comme cette scène dans laquelle Amanda monte les escaliers, ouvre la porte, et on devine tout de suite qu’elle s’imagine retrouver sa mère de l’autre côté. C’est une pensée magique, elle sait très bien que c’est impossible. Comment avez-vous imaginé l’attentat qui surgit dans le film, et sa représentation ? Pour moi, c’était inconcevable d’écrire une histoire à partir d’un attentat réel. La question se cristallisait beaucoup autour du lieu de l’attentat. Il fallait qu’il renferme une espèce d’abstraction, même s’il est aussi très concret puisque c’est le bois de Vincennes. C’est malheureusement très plausible comme EN COUVERTURE 28 décor. Et, en même temps, la forêt nous ramène au domaine du conte. Ça m’aurait mis mal à l’aise de situer cette irruption de la terreur dans une zone très identifiée, plus circonscrite, dans un grand magasin type BHV. Après, même si le sujet des attentats est périphérique dans le film, je ne voulais pas être dans le contournement de la violence. Ça aurait été de la fausse pudeur de l’éluder. Lorsqu’il arrive sur les lieux de l’attentat, David est comme sonné, tandis que le récit devient sourd, presque irréel. Oui, juste avant, il est place Daumesnil. Il arrive porte Dorée, c’est bondé de voitures. Il quitte la ville et, petit à petit, il gagne la forêt. La lumière est en train de tomber et sur les lieux du massacre il y a une forme d’abstraction qui se répand. Comme si les images réelles de l’événement n’étaient pas encore arrivées à son cerveau, qu’il avait une sorte de protection qui l’empêchait d’accéder à l’horreur, comme un petit contretemps qui permette de survivre. Que reste-t-il dans le film de vos impressions de la nuit du 13 novembre 2015 et de ce qui a suivi ? La stupéfaction, le silence, le vide de la ville. Évidemment, ça ne nous empêche pas
de vivre, mais c’est là, diffus, ça appartient presque à Paris. Pourtant, des touristes prennent des bateaux, la vie continue… C’est étrange, absurde. Que peut la fiction lorsqu’il s’agit de dépeindre de tels drames ? Je manque un peu de recul là-dessus. J’imagine qu’elle peut beaucoup. Après les attentats de 2015, je me rappelle que j’ai été Vincent Lacoste et Ophélia Kolb AMANDA 29 « On ne sait pas très bien qui de David ou d’Amanda est le plus à même de s’occuper de l’autre. » frappé par la saturation d’images. C’était sale, c’était dégueulasse, et néanmoins on ne voyait rien. Il y avait du vide à la place d’images qui auraient pu nous aider à penser les choses. Pour moi, le film devait créer un imaginaire subjectif  : les images sont très crues mais aussi déréalisées, parce qu’elles sont vues à travers le regard d’un personnage. C’est un événement qui fait partie de l’imaginaire collectif, de l’histoire nationale, et j’ai entendu certains témoignages de proches de victimes qui disaient avoir le sentiment qu’on leur confisquait leur deuil – comme si ce deuil singulier, ce qu’ils vivaient dans leur chair, on tentait de le supplanter par une émotion nationale. Je ne porte pas de jugement, mais c’est curieux  : après les attentats, des médias ont essayé de s’emparer des histoires des victimes. C’est à la fois beau et dérisoire, intrusif, dérangeant. C’est pour ça que c’était important que le film reste à hauteur d’homme, ou d’enfant. BOBINES



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