ZOOM ZOOM AMIN Comme FILMS 80 — : de Philippe Faucon Pyramide (1 h 31) Sortie le 3 octobre — Samia (2001) ou Fatima (2015), le nouveau film de Philippe Faucon a pour titre le prénom de son personnage principal. Apparemment anecdotique, ce choix dit bien le goût du cinéaste pour l’art du portrait, un exercice qui suppose empathie et humilité. On retrouve ces qualités dans ce long métrage centré sur Amin (remarquable Moustapha Mbengue), Sénégalais venu en France pour travailler, et qui a laissé au pays femme et enfants. Tandis que les scènes de retrouvailles à Dakar oscillent entre complicité et embarras, il noue ici une liaison avec Gabrielle (Emmanuelle Devos), une infirmière divorcée chez qui il fait des travaux, situation qui crée autant de réconfort que d’inconfort. Mis en scène avec sensualité (Faucon sait filmer les corps et les gestes de ses acteurs), ce jeu de miroirs entre deux solitudes est enrichi par la présence de personnages secondaires confrontés eux aussi à une forme d’abandon : les collègues de chantier d’Amin, entre optimisme et résignation ; son épouse, belle figure de femme combative ; ou encore la fille de Gabrielle, ado qui cache ses blessures derrières son téléphone portable. JULIEN DOKHAN LA SAVEUR DES RAMEN À — : d’Eric Khoo 00 Art House/KMBO (1 h 30) Sortie le 3 octobre — la mort de son père, Masato, qui tient une échoppe de rāmen au Japon, entreprend un voyage initiatique à Singapour, dont était originaire sa mère, elle aussi décédée, pour découvrir les secrets de cuisine de cette dernière. À travers cette enquête gustative, Eric Khoo s’intéresse autant aux secrets de famille du jeune protagoniste qu’aux relations entre les deux pays (Singapour a été occupé par le Japon durant la Seconde Guerre mondiale). C’est à travers la cuisine (qu’il filme admirablement, de façon très sensorielle, un peu comme Gabriel Axel en son temps avec Le Festin de Babette, mais sur un mode moins flamboyant, plus minimal) que Khoo sonde les plaies encore ouvertes par l’histoire. Ainsi, lorsque Masato demande à sa grand-mère maternelle de lui livrer quelques conseils culinaires, celle-ci lui ferme la porte au nez – elle avait renié sa fille quand celle-ci avait épousé un Japonais. Mais ce n’est pas un hasard si Khoo met la gastronomie au centre de son film : en plus de nous mettre en appétit, il insiste sur sa portée symbolique, un endroit où des cultures antagonistes peuvent se mélanger, se réunir. QUENTIN GROSSET |