ZOOM ZOOM ai ai Qu’est-il FILMS CHRIS THE SWISS arrivé à Chris ? Cette entêtante question est le leitmotiv du premier film de la Suissesse Anja Kofmel, qui mêle images d’archive, interviews et animation sépulcrale tout en nuances de gris. Chris the Swiss raconte une histoire personnelle, celle du cousin de la réalisatrice, Christian Würtenberg, correspondant de guerre assassiné en Croatie en 1992. Mais c’est aussi un pan de l’histoire du monde qu’évoque l’enquête, avec en toile de fond la guerre civile en Yougoslavie (1991-2001). En retraçant pas à pas – notamment grâce à son journal intime – le parcours de Chris de Suisse jusqu’à Zagreb, la jeune cinéaste construit un portrait en filigrane moins flatteur que ce que laisse supposer le récit familial, les questions sur son rôle lors de la guerre se multipliant : était-il seulement un journaliste infiltré dans une Ce premier long métrage hybride a-t-il été difficile à mener à terme ? En sortant de l’école, sans réelle expérience, je suis tombée sur un producteur passionné par les sujets politiques et les nouvelles formes d’expression. Mais le problème de l’hybridation est qu’on ne rentre dans aucune case, il a fallu être très persuasifs pour obtenir des fonds. milice criminelle pro-croate d’extrême droite ou avait-il fini par embrasser cette sinistre cause ? C’est pour exprimer le trop-plein d’émotions qui naît de ces zones d’ombre que le dessin prend toute son importance. Là où les interviews et les archives en prise de vue réelle illustrent froidement la réalité des faits, crus et irréfutables, l’animation en noir et blanc exprime plus librement le ressenti de la réalisatrice, mêlé à celui qu’elle présume pour son cousin. En hybridant les points de vue et les techniques, Anja Kofmel réussit un premier essai impressionnant, aussi complexe que le conflit qu’elle traite en sous-texte. PERRINE QUENNESSON — : d’Anja Kofmel Urban (1 h 30) Sortie le 3 octobre — 3 QUESTIONS À ANJA KOFMEL 0 0 Le nouveau gouvernement croate vous a aussi mis des bâtons dans les roues… Pendant le tournage, le gouvernement a changé [passant du parti socialdémocrate SDP à la droite conservatrice du HDZ,ndlr]. Notre film a été choisi comme exemple de ce qu’il ne fallait pas faire : parler du passé. Grâce à la sélection à la Semaine de la critique, ils ne peuvent plus nous faire taire. 74 Pourquoi avoir choisi la chanson « Jesus He Knows Me » au début du film ? Elle peut sembler paradoxale, mais ce morceau de Genesis a beaucoup de sens pour moi. Les paroles correspondent très justement à ce que je souhaitais raconter, mais, surtout, c’est la chanson qui passait à la radio juste avant qu’on m’annonce la mort de mon cousin. |