ZOOM ZOOM Ce poignant documentaire sur Whitney Houston révèle, six ans après la disparition de la star, combien la vie de la chanteuse aux 200 millions d’albums et de singles vendus a constamment oscillé entre lumière et obscurité. Conscient que la carrière musicale de Whitney Houston a, depuis le décès de la chanteuse en 2012 à l’âge de 48 ans, quelque peu été éclipsée par un parfum de scandale, Kevin Macdonald a voulu en savoir plus sur le parcours de cette icône des années 1980 et 1990. Dévoilant des archives inédites et multipliant les interviews avec l’entourage de la star, le réalisateur, à qui l’on doit notamment Le Dernier Roi d’Écosse (2007), rappelle l’ascension fulgurante de la jeune femme : interprète de tubes qui firent le bonheur des hit-parades, elle chanta dès 1991 l’hymne américain lors du Super Bowl FILMS WHITNEY 62 puis devint une star mondiale avec le titre I Will Always Love You. Mais Whitney expose surtout avec objectivité les souffrances qui hantèrent la vie de l’artiste. Outre des drames familiaux à répétition, la vedette de Bodyguard fut constamment déchirée entre diverses aspirations : amoureuse d’une femme mais épousant le chanteur Bobby Brown, cherchant la lumière à travers son art mais éprouvant l’enfer des addictions, érigée en fierté afro-américaine mais parfois accusée de faire le jeu de l’Amérique blanche, Whitney Houston apparaît ici comme une grande figure mélancolique à qui ce film offre une intense rédemption. DAMIEN LEBLANC — : de Kevin Macdonald ARP Sélection (2 h) Sortie le 5 septembre — 3 QUESTIONS À KEVIN MACDONALD PROPOS RECUEILLIS PAR J. R. Après Mick Jagger et Bob Marley, vous vous intéressez à nouveau à une icône de la pop. Pourquoi ? Je suis curieux de savoir ce qu’il y a sous la surface des choses. D’ailleurs, ces films prennent la forme d’enquêtes. J’ai construit Whitney comme si je ne savais pas ce que j’allais trouver, ce qui est vrai : la révélation sur les abus qu’elle a subis enfant est arrivée dans la dernière interview qu’on a faite. Avec ce nouveau film, Whitney, vous dressez aussi le portrait d’une époque, les années 1980. Oui, c’est une période très forte dans la pop culture. On prônait des images de beauté, de succès, d’argent, mais derrière tout cela qu’y avait-il ? Les plus grandes stars, Michael Jackson, Prince et Whitney, ont tous fini de façon sordide et solitaire, devenant des pastiches d’eux-mêmes. Pourquoi ? Votre grand-père, le cinéaste Emeric Pressburger, vous a transmis le goût du cinéma ? J’étais ado à sa mort. Pressburger et Powell étaient alors complètement oubliés. J’ai découvert leur film Colonel Blimp à l’université, et il m’a tellement impressionné que j’ai eu envie d’en savoir plus sur mon grand-père : c’est devenu mon premier docu. Donc oui, indirectement, je lui dois ma carrière. |