Trois Couleurs n°163 octobre 2018
Trois Couleurs n°163 octobre 2018
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°163 de octobre 2018

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : MK2 Agency

  • Format : (170 x 285) mm

  • Nombre de pages : 124

  • Taille du fichier PDF : 44,7 Mo

  • Dans ce numéro : climax...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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MÉDECINE DURE BÊTE DE CONCOURS De la rentrée à l’implacable concours final, Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne) suit dans Première année le parcours exténuant de deux étudiants en médecine, le soucieux Antoine (Vincent Lacoste) et l’enjoué Benjamin (William Lebghil). Derrière son humour et la tendresse qu’il témoigne à ses héros, le cinéaste, lui-même médecin généraliste, fustige un système de sélection absurde dont les enjeux – hypercompétitivité, individualisme – dépassent le seul domaine de la médecine. Comment filmer des révisions, sujet a priori pas très cinématographique ? Cette première année de médecine, ce n’est pas un marathon, contrairement à ce qu’on dit souvent  : ça commence en octobre, ça finit en mai, c’est plutôt un sprint. Je me suis dit, il faut que je le raconte comme un film de sport, comme un film de boxe. J’avais vraiment comme référence Rocky  : il y a d’abord l’entraînement, le mec fait des pompes, tape dans un sac ; ensuite, au milieu, il y a un combat ; puis le mec a envie d’abandonner ; et enfin il y a le combat final. L’autre référence, plus d’un point de vue de l’ambiance, c’était La Boum. J’avais envie d’un film sur la jeunesse, sans le côté sentimental, mais sur ces amitiés 42 très fortes, absolues, qui peuvent se former et qui vont perdurer en raison de l’adversité. Cette jeunesse s’exprime surtout dans les scènes de groupe, en amphi notamment. On sent que vous prenez beaucoup de plaisir à les filmer. Oui, j’adore filmer les groupes. J’étais entouré de beaucoup de jeunes étudiants en médecine qui m’ont accompagné pendant le tournage, des centaines de figurants, je me suis nourri beaucoup de leurs anecdotes. Et j’avais vraiment envie de raconter aussi l’anonymat, ou du moins l’isolement. Pour isoler des gens, soit on les met dans un désert, soit on les met au milieu d’une foule. Par exemple les images du concours, dans ce grand hall où ils sont 2 500, ça raconte bien le fait qu’on se sent interchangeable, qu’on est des numéros, assis dans des blocs numérotés. Je voulais faire exister la vie et la jeunesse au milieu de ça, des émotions très\
I AUGUSTIN DÉTIENNE – CANAL fortes, exacerbées. C’est ce que j’ai essayé de retrouver dans les scènes de groupe. Vous avez vu le documentaire de Nicolas Philibert, De chaque instant, sorti fin août, qui suit de jeunes élèves infirmiers ? Oui, et je trouve que c’est un très beau film. Je trouve très touchante la partie dans laquelle les jeunes élèves racontent leur détresse, leurs difficultés, que ce soit dans le rapport hiérarchique ou avec les malades. Le vrai point commun entre le film de Philibert et le mien, c’est cette jeunesse au travail, pour qui ce n’est pas facile d’ailleurs parce qu’on lui met beaucoup de bâtons dans les roues. En tout cas moi j’avais cette envie de montrer qu’il y a tout un pan de la jeunesse qui est motivée, qui est dans la construction, qui a envie de réussir, qui est ambitieuse, tout ce qui va à l’encontre des idées reçues sur les jeunes. Mais cette jeunesse souffre aussi, on la met parfois en situation de grande précarité psychologique. Votre film fustige très clairement le système de formation des futurs médecins. Tous mes films ont une dimension politique, ils font le constat d’un dysfonctionnement, d’un système à bout de souffle, ou qui s’est perverti. C’est vraiment le cas du système de sélection des futurs médecins, dentistes, pharmaciens et autres professions de santé. Ce concours en fin de première année de médecine est aberrant. Il est déconnecté du savoir utile, de toute forme d’humanité. Il est uniquement fait pour éliminer 90% des candidats. Je trouve ça terrible car à THOMAS LILTI 43 18-19 ans, on est dans une grande capacité intellectuelle, on a soif d’apprendre. Dans le film, un doyen dit qu’on ne sait plus comment faire pour les sélectionner  : aujourd’hui on pose soixante-dix questions en une heure de QCM, peut être que l’année prochaine on en posera quatre-vingts ou quatre-vingt-dix. Est-ce que ce sont les plus travailleurs ou ceux qui ont le plus la fibre qui réussissent ? Je ne crois pas, et j’avais aussi envie de mettre à mal l’idée que, si vous voulez réussir, il suffit de travailler. Je pense qu’on est très inégaux face au travail. Il y en a qui travaillent beaucoup pour peu de résultats, et d’autres qui travaillent peu et qui ont tout de suite des résultats, notamment dans le domaine scolaire. Vous, vous avez eu le concours du premier coup ? Ouais, parce qu’en fait je suis tout à fait entré dans les codes, j’ai tout de suite compris ce qu’on attendait de moi. Cette compétition, elle a plutôt stimulé la part la moins glorieuse de mon être, c’est-à-dire le goût d’être meilleur que l’autre, la jalousie, l’envie d’y arriver et de voir l’autre échouer… Ces études ont ce truc terrible, très insidieux, qu’elles ne stimulent pas tellement ce qu’il y a de noble en nous. Alors que pour faire un bon médecin il faut des qualités humaines incroyables, il faut avoir de l’empathie, il faut aimer l’autre, avoir du temps pour la réflexion, l’observation. L’autre truc pas terrible, c’est qu’au fond cette compétition acharnée fait qu’on a tendance à épouser le désir de l’autre. Moi je suis arrivé en première année sans BOBINES



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