MÉDECINE DURE BÊTE DE CONCOURS De la rentrée à l’implacable concours final, Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne) suit dans Première année le parcours exténuant de deux étudiants en médecine, le soucieux Antoine (Vincent Lacoste) et l’enjoué Benjamin (William Lebghil). Derrière son humour et la tendresse qu’il témoigne à ses héros, le cinéaste, lui-même médecin généraliste, fustige un système de sélection absurde dont les enjeux – hypercompétitivité, individualisme – dépassent le seul domaine de la médecine. Comment filmer des révisions, sujet a priori pas très cinématographique ? Cette première année de médecine, ce n’est pas un marathon, contrairement à ce qu’on dit souvent : ça commence en octobre, ça finit en mai, c’est plutôt un sprint. Je me suis dit, il faut que je le raconte comme un film de sport, comme un film de boxe. J’avais vraiment comme référence Rocky : il y a d’abord l’entraînement, le mec fait des pompes, tape dans un sac ; ensuite, au milieu, il y a un combat ; puis le mec a envie d’abandonner ; et enfin il y a le combat final. L’autre référence, plus d’un point de vue de l’ambiance, c’était La Boum. J’avais envie d’un film sur la jeunesse, sans le côté sentimental, mais sur ces amitiés 42 très fortes, absolues, qui peuvent se former et qui vont perdurer en raison de l’adversité. Cette jeunesse s’exprime surtout dans les scènes de groupe, en amphi notamment. On sent que vous prenez beaucoup de plaisir à les filmer. Oui, j’adore filmer les groupes. J’étais entouré de beaucoup de jeunes étudiants en médecine qui m’ont accompagné pendant le tournage, des centaines de figurants, je me suis nourri beaucoup de leurs anecdotes. Et j’avais vraiment envie de raconter aussi l’anonymat, ou du moins l’isolement. Pour isoler des gens, soit on les met dans un désert, soit on les met au milieu d’une foule. Par exemple les images du concours, dans ce grand hall où ils sont 2 500, ça raconte bien le fait qu’on se sent interchangeable, qu’on est des numéros, assis dans des blocs numérotés. Je voulais faire exister la vie et la jeunesse au milieu de ça, des émotions très\ |